Bonjour Jean-Luc,
ton sujet m'a rappelé que le ralentissement de nos bestioles avait déjà été abordé dans MikrOscOpia. Je viens de faire le tour dans nos sujets sans le retrouver mais j'avais fait une copie du texte que je remets ci-dessous.
Que l'auteur du sujet veuille bien m'excuser de n'avoir pu remettre la main sur le sujet et proposer, en conséquence, un lien direct.
Texte :
Les protozoaires sont des animaux fascinants à observer, tout autant que rebutants , car souvent leur vitesse de déplacement gêne considérablement l’observation à fort grossissement.
Je vous livre deux petits trucs que j’ai utilisés pour pouvoir filmer les infusoires avec une caméra à 24 images/seconde dans le film « phénomènes d’autoépuration dans les eaux ». J’ai pu aussi ainsi observer l’endocytose (ingestion de particules alimentaires ou non).
Observations des protozoaires à l’état vivant
Matériel :
-suspension abondante d’infusoires (Paramecium, Tetrahymena, Colpidium, Colpoda, Hypotriches, Péritriches, etc…) ou de tout autre protozoaire très mobile.
- graines de Plantain (de préférence Plantago ovata, plantain des indes ou Psyllium).
- tubes à hémolyse ou petits tubes quelconques.
- pipette Pasteur ou équivalente.
Manipulations
1) Disposer dans trois ou quatre tubes une petite quantité de graines de plantain (1 volume).
2) Ajouter dans chaque tube respectivement, un volume, deux volumes, trois volumes de suspension d’infusoires
3) Laisser reposer. Le mucilage du plantain absorbe l’eau de la culture et gonfle progressivement, rendant le milieu de plus en plus visqueux, d’autant plus visqueux qu’il y a moins de liquide par volume de graine.
4) Avec le tube 1/1 (volume/volume) on peut faire les observations assez vite, dès que les graines semblent avoir absorbé le liquide. Pour faire les meilleures observations, il est préférable d’attendre que le contenu des autres tubes s’épaississe, car les protozoaires s’accoutument mieux et leur comportement est moins perturbé.
5) Prélever à la pipette une goutte (parfois très visqueuse) de la préparation. La déposer sur une lame. Recouvrir d’une lamelle. Observer au microscope.
Dans ces conditions, le mouvement des infusoires est considérablement ralenti et on peut observer les animaux vivants avec un objectif à immersion sans problème….
La technique présente des avantages par rapport à la carboxyméthylcellulose (Methocel et autres) et à la gomme arabique.
- Elle n’est absolument pas toxique pour les infusoires qui continuent à se déplacer et s’alimenter normalement. On peut même observer des divisions.
- On peut conserver les cultures épaissies plusieurs jours sans autre inconvénient que celui de la prolifération de grosses bactéries spontanément présentes à la surface des graines, qui ne gênent pas l’observation. Elles donnent des sujets d’étude complémentaires par leur mobilité.
- Contrairement à la carboxyméthyl cellulose et à la gomme arabique qui donnent un voile laiteux en contraste interférentiel Normarski, le gel de plantain est absolument transparent et cristallin et permet les observations avec des techniques comme le contraste de phase ou le contraste interférentiel.
Observation de l’endocytose chez les infusoires
Matériel
- Tubes hémolyse ou équivalent
- Une suspension abondante d’infusoires
- Eau distillée
- encre de chine (de préférence en tube avec poussoir caoutchouc)
Manipulation
1) Diluer une goutte d’encre de chine dans 5ml d’eau
2) Ajouter un volume de la dilution à un volume de suspension d’infusoires (pour faire 1 à 2 ml au total). C’est le temps zéro de l’expérience.
3) Aux temps 5, 10 et 15 mn, prélever quelques gouttes de la préparation, la fixer et observer entre lame et lamelle.
4) Après 15 mn Prendre une partie de la préparation et l’épaissir avec des graines de psyllium (1/1 ou ½ V/V)
5) Garder les préparations normale et épaissie à température ordinaire.
Observations
Les ciliés endocytent les particules noires de l’encre de chine et forment des vacuoles digestives qui apparaissent en noir sur le fond clair de la cellule. En travaillant à différents temps, on peut compter le nombre de boules noires dans les individus et comparer, par exemple, le temps de formation d’une vacuole chez la paramécie, la vorticelle ou Tetrahymena, par exemple. On peut montrer aussi que sur les quinze premières minutes, en général, la vitesse d’endocytose est constante.
Sur les préparations épaissies au psyllium, on peut passer à l’immersion et observer la formation de la vacuole digestive au fond de l’entonnoir buccal, au niveau du cytopharynx. On voit une accumulation progressive de particules noires et on peu aisément observer le détachement et l’individualisation de la vacuole digestive.
Si on garde les cultures suffisamment de temps et si la population de ciliés est abondante, on pourra observer l’éclaicissement du milieu qui indique que les particules d’encre de Chine ont été ingérées. Les infusoires sont alors littéralement bourrés de vacuoles noires.
Remarque :
L’encre de Chine peut être remplacée par des bactéries colorées. Je n’ai jamais essayé le bleu de méthylène qui peut diffuser, mais j’ai coloré des cultures bactériennes avec du chlorure de triméthyl tétrazolium qui est réduit par les bactéries en formazan rouge insoluble. Ce sont de telles bactéries qui ont été utilisées dans le film « phénomènes d’autoépuration dans les eaux ». Cela explique que les vacuoles des Colpidium et des paramécies sont colorées en rouge. Les graines de Psyllium m’ont permis de réaliser les prises de vue à l’immersion sans problème, les animaux étant considérablement ralentis, mais gardant un comportement normal pendant plusieurs jours.
Je reprends la main pour dire que j'attends que les plantains pointent leur nez et nous fournissent des graines pour pouvoir essayer cette méthode.
Buteo