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Vrille botanique histologie


Dominique.

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Les vrilles

 

 

De nombreuses  plantes  ont développé  un système  qui    permet  une progression dans leur croissance : la  vrille .Les  exemples  sont très  nombreux  Dans le  jardin  j’ ai trouvé 3 exemples :

-La Bryone qui se développe  sur  ma  Haye de Thuya ;

-La vigne ;

-Le  haricot  à rame   (Haricot  de Soissons) .

Le sujet     pour un microscopiste  est de mettre en évidence  si possible les modifications  anatomiques  qui aboutissent  à  ce  résultat.
 Un peu d’histoire  en  introduction.

La vrille   a   toujours fasciné les  botanistes   et de nombreux dessins  ont été réalisés.

En 1877   Charles Darwin   réalise  les  croquis suivants :

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https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Darwin_-_Les_mouvements_et_les_habitudes_des_plantes_grimpantes,_1877.djvu

Darwin nota que la  vrille  pouvait  être  le résultat  d’un processus d’adaptation  au milieu. Pour former  une vrille la plante  va transformer  un organe déjà présent :   cela peut  être une tige   ( cas du  Haricot ) -  d’un pédoncule de fleur ( cas de la vigne )  - d’un pétiole  ( cas de la Bryone ) – d’une feuille  ( cas du Petit pois   , de la Gesse  , de la Vesce  )

La Bryone : Bryonia dioïca

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On constate que la  vrille de la Bryone se développe qu’il  y ait  ou pas un point d’ attache  - L’enroulement  va  se faire avec des spires serrées  uniquement si  un contact  est établi  avec un support éventuel  sinon  elle  pend dans le vide  avec une tendance  à  la linéarité sauf  à son extrémité .

Il est  difficile  d’obtenir  une coupe  bien plane   d’une  structure  qui spirale .

Coloration  Wacker Asim II  - coupe 80µm

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Sur cette  coupe les cellules parenchymateuses  semblent plus compressées   dans la  partie inférieure  de la coupe ; cette partie  forme la courbure interne de la vrille .

 

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On retrouve  cette compression   sur le côté droit  de la coupe par rapport au côté   gauche   ( le côté droit  est la  zone  interne de la courbe  ( concave ) .

 Et en coupe  longitudinale  ( panorama ) .

 

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La constatation anatomique est qu’ il existe  une  différence  dans la répartition  des cellules du  tissu cortical  dans la zone  interne  ( concave) de la courbure  par rapport  à la zone externe  ( convexe )  mais ici  la mesure d’ épaisseur  est la même.

 

 On peut donc penser   qu’il existe  un déterminisme  génétique  à constituer  cette  différentielle  de  structure qui conduit à la courbure de la tige  - mais  que ce processus  subit une stimulation  quand  des chémo ou mécano récepteurs   sont stimulés par   un contact  avec un élément  extérieur   végétal  - minéral  ou métallique . (  -haptotropisme  )  ( Ces récepteurs   spécifiques n’ont pas été trouvés  dans ce cas  - existent-ils ? ) .

Donc  chez la Bryone   la vrille  se forme  avant même tout  contact   - le contact  ne va que  déclencher une accélération     de la  vitesse  et  de l’ intensité   d’un processus  déjà en cours .

On va retrouver un processus   un peu différent chez la vigne .

La vigne : Vitis vinifera.

La  vrille de la  vigne  est  une structure   beaucoup plus  puissante .Les  spires  sont  larges  et rigides . — Les vrilles de la Vigne sont des pédoncules floraux modifiés, naissant vis-à-vis d’une feuille; elles  bifurquent une et souvent plusieurs fois; chacune des branches est recourbée à son extrémité, de façon que la concavité soit en dehors de l'angle des deux branches.

 

 

 

 

 


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Dans le cas   de la  vigne  la vrille  se forme   sans  aucun  besoin de  contact  -  si la vrille rencontre un support elle l’ accroche  . La vigne a  une réaction très  lente au contact   d’un support qui  cependant orientera sa rotation ultérieure.

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La mise en évidence  d’une différence entre le parenchyme de l’ intérieur de la courbure  et de l’ extérieur de la courbure  est ici  beaucoup plus difficile .En fait  la coubure progressive  ne rend pas le processus  histologiquement visible .

 

Le Haricot  de Soissons   Phaseolus vulgaris (14000 cultivars)

Le haricot à rame  développe  une technique  beaucoup plus  compliquée.

 

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Dans  un premier temps  le  haricot    prolonge  linéairement  sa  tige apicale    jusqu’ au moment    où elle rencontre   un support possible  - la courbure    commence à partir de cet instant.   .
Macroscopiquement  il est  facile de comprendre le processus :

 

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La tige se met  à vriller  autour  de son axe  - le résultat    est  que la totalité de la  tige se  courbe  - ce qui est étonnant  est  que le mouvement  de rotation  de la tige sur elle – même  se fait  en tenant  compte du point de  contact   pour l’ enserrer .

Anatomiquement  on  ne trouve  pas  de différence dans l’épaisseur du parenchyme   mais  on découvre  un processus  très curieux :

Coloration Etzold bleu./ Chrysoidine.

 

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La   tige n’a pas  de forme   régulière  et sa surface sur une coupe  histologique  semble franchement désorganisée   ( la photo  de la  tige    nous  montre que l’ organisation  n’ est perceptible   qu’à   l’échelle macroscopique  ) .

  Elle  est armée de nombreuses  épines   et de petits organes   de type récepteurs.

 

 

Les épines :

Le toucher   de la tige    est très rêche , elle accroche   facilement  les  tissus   - De ce  fait  elle  autorise un  maintien  immédiat sur    un support  étranger  qui se présente .

 

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Image  d’une de ces multiples micro épines : ( DIC )

 

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Les organes sensoriels :

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L’hypothèse  est que  ces poils sensoriels    déclenchent   le processus de torsion axiale   de la  tige  et par conséquence   d’encerclement  du  tuteur.  (Nature du processus biochimique ?) .

 

Parmi les mécanismes cellulaires   qui  sont à  l’origine de l’ incurvation    nous avons  rencontré la modification morphologique  des cellules  mais  il a  aussi été noté  leur  turgescence  ( endosmose et exosmose ) favorisée  par la modification de l’ ensoleillement et des modifications des paramètres de la chimie endo-cellulaire .

Point curieux   : lorsqu'une vrille est arrivée au terme de son développement sans avoir atteint un support, elle finit par s'enrouler sans  avoir   eu besoin de contact   .

 

 

Question  classique : les vrilles  vont-elles  de gauche  vers la droite  ou de droite  vers la  gauche. La  réponse  est   : des deux côtés.

Preuve chez la Bryone :

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La structure histologique  d’ une vrille   est celle de l’ organe  qui  est  à son origine   ( Tige  du haricot  ,Pédoncule floral de la vigne –  Pétiole de la bryone  ) .

La Conclusion : 

 La différentielle  de croissance  entre le côté externe convexe  et le côté interne concave  de la vrille  est l’explication la plus souvent retenue .

 

 Il serait  intéressant  de  poursuivre cette petite  présentation  des vrilles  en reprenant chacune  des nombreuses plantes  qui en développent   et découvrir leurs    petits secrets. (Entre autre  la formation de produits adhérents  sur les supports  pour certaines plantes et bien d’autres  choses encore ….) .

       Donc à suivre…….http://forum.MikrOscOpia.com/topic/17491-vrille-botanique-histologie-2/?hl=%2Bvrilles+%2Bbotanique

 

                           Dominique .

Modifié par Dominique.
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@Dominique

Sujet très intéressant alors qu'aujourd'hui l'intelligence des plantes est de plus en plus sujet à de véritables découvertes

Notamment par leur perception de l'environnement immédiat.

Dans ton exposé tu parles de contact comme pouvant être un déclencheur...

Et bien que l'on pensât plus aisément à un contact "toucher" ou "caresse", le contact peut se trouver être chimique, thermique ou autrement vibratoire comme par exemple le phonotropisme

ou sensibilité aux sons)

 

s. De plus, à ce jour on a recensé au moins 700 sortes de capteurs sensoriels chez les plantes : mécanique, chimique, lumineux, thermique…ce qui en fait des êtres hypersensibles et très informés !  (Mancuso, l'Intelligence des plantes.)

 

A ce sujet on peut consulter les textes et les études ainsi que les videos de l'italien Stefano MANCUSO (fondateur de la neurobiologie végétale) qui sont extraordinairement loquaces.

Lire aussi de Peter Wohleben, la vie scrète des arbres

 

De Mancuso et de l'approche par les plantes de supports (les vrilles sont des tentacules) qui les intéressent ou qui sont malheureusement déjà occupés par d'autres...

voir cette video aux alentours de 01:55'

 

Ceci ne met pas bien sûr ton exposé en dévaleur, bien au contraire, bien des questions se posent comme par exemple

 

Comment évoluent les racines d'une plante dont les vrilles cherchent en permanence à croître en état d'équilibre ?

 

tu écris:

 

La différentielle  de croissance  entre le côté externe convexe  et le côté interne concave  de la vrille  est l’explication la plus souvent retenue

 

Je pense cependant que les interprétations qui te servent de documentation sont parfois un peu "dépassées" ou pour être constructif, à réévaluer.

Extrait de L'intelligence des plantes.

Toucher, odorat, ouïe sont autant d’informations sensitives également précieuses pour les plantes. On vous parlait de tomate tout à l’heure, mais parlons maintenant du concombre qui doit grandement sa survie à son sens du toucher. En effet, Sicyos angulatus, le concombre, doit s’agripper aux autres plantes pour s’élever du sol et espérer avoir sa place au soleil. Pour trouver ses plantes et s’y accrocher, Sicyos possède des vrilles  que l’on peut comparer à de longues tentacules cherchant un support autour duquel s’enrouler. Daniel Chamovitz, de l’université de Tel Aviv à Israël, rapporte qu’en déposant un fil d’un poids de 0,25 gramme sur la vrille, on provoque son enroulement.

 

 

AMicalement

SDS

Modifié par solito de solis
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Bonsoir  Solito de Solis

 

Merci  de votre   intervention  .J ‘ai  bien conscience  d’ avoir mis  le bout du doigt  sur un  sujet  qui  me dépasse .La vrille  est  un des symptômes de l’ adaptation  constante  des plantes    à leur milieu  et des interactions que chaque plante développe  avec  ses  voisines .Ce qui la  rapproche  des interactions  rencontrées dans le monde animal .

La vieille  expression en parlant  d’un  sujet amorphe   - «  c’est  devenu un légume »  perd  désormais  tout son sens  péjoratif .
 

Bien cordialement

                         Dominique

d

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@Dominique

Néanmoins, on ne peut qu'attendre avec toujours autant de plaisir vos apports synthétiques et votre minutieuse attention à exposer votre patient ouvrage

Les illustrations sont très intéressantes et votre générosité tout pareil. 

Les interprétations évoluent tout au plus et donc rencontrent des variantes et des oppositions dans la littérature progressive et plus particulièrement comme vous le dites

au sujet de ces plantes, que l'on imaginait être à la merci de l'homme de par leur apparente sujétion immobile et leur enracinement que l'on comparait à des êtres amorphes presque insignifiants.

L'avenir nous apprendra bientôt à quel point les végétaux ont colonisé l'humaine race et combien aucun être vivant n'aime à être mangé sans ensuite se protéger par des poisons

qui devraient faire réfléchir les obstinés Vegans.

Je vous encourage à poursuivre encore et encore vos exposés sans trop tenir compte de mes interventions si elles vous semblent parfois un peu hard.

Merci énormément.

SDS

Modifié par solito de solis
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