Marcel Lecomte Posté(e) le 27 novembre 2004 Signaler Partager Posté(e) le 27 novembre 2004 En réponse à un Clytocybe nébuleux de Frédéric Dubois Cher Frédéric, Je ne peux que t'encourager dans le chemin choisi !Quelques précisions afin de t'aider ....Clitocybe nébuleux : ton identification, d'après ta photo, semble être valable ! en outre, c'est la saison ....ajoutons à cela qu'il pousse fréquemment en troupes nombreuses ; je l'observe très souvent en pessière, en Belgique, mais il se trouve aussi sous feuillus (on le qualifie d'ubiquiste) ; il est assez remarquable par son chapeau dégradé de gris jaunâtre clair , mais le caractère déterminant est pour moi son odeur très particulière et caractéristique qui permet de le reconnaître à tous les coups. Je ne me donne pas le droit de donner un avis quant à la qualité de tes images, mais j'ai du mal à reconnaître les éléments que tu cites.Pour la mise en évidence des basides, je te recommande l'utilisation du rouge Congo SDS sur du matériel frais ou du rouge Congo ammoniacal sur un exsiccatum. Je vais tenter de trouver un C. nébuleux afin de t'envoyer l'une ou l'autre image de ce que tu veux observer.Pour les basides, travailler au moins à x40 et pour les spores à x60 ou x100 (elles sont elliptiques, jaunâtres, et font 7 x 4 µm).Bravo pour ta démarche et tes expériences et au plaisir de te lire ! Une dernière précision pratique : pour bien observer les basides et cystides en mycologie, je pense que la meilleure des techniques consiste à pratiquer une dissociation !Prélever un minuscule fragment de lame ; le colorer au RCongo durant quelques secondes, éliminer le surplus de colorant avec un papier genre Sopalin, bien rincer, éliminer à nouveau le surplus d'eau, puis poser une nouvelle goutte d'eau ;poser la lame CObjet puis écraser délicatement avec une gomme un bout de bois ou de PVC.Pour améliorer la qualité de l'observation, on peut utiliser du chloral lactophénol ou du glycérol qui ont un indice de réfraction nettement supérieur. Bonne continuation et fais-nous profiter de tes expériences ! M :) Bonjour Bret,Bonjour à tous, ...on ne peut rien voir des éléments que tu recherches en épiscopie, cher Bret ! d'où la perlexité de Marcel qui n'avait pas dû relever ta remarque. Toutes les observations en mycologie se font en diascopie. Amicalement,Claude Merci pour ta remarque Claude, et surtout d'avoir rectifié ! dans ma précipitation, cet élément dans la réponse m'avait échappé ! Voici une série d'images réalisées en vitesse à l'intention de Frédéric !D'abord les spores ! L'image précédente était réalisée avec l'objectif x 60 ; voici mintenant une image à l'immersion ! La chair des Clitocybes se déchire ; elle ne casse pas comme celle des Russulacées : c'est dû à la présence d'hyphes entrelacées ! Observons maintenant l'arête d'une lame, ou l'on voit très bien basides et cystides ! Petit morceau prélevé avec soin, coloré légèrement au rouge Congo SDS et observé dans l'eau ! L'élément déterminant chez les Basidiomycètes : la baside, sur laquelle naissent un nombre variable de stérigmates (filaments qui portent les spores) ; ils sont souvent au nombre de 4 ; on parle alors de basides tétrasporiques ! ATTENTION : il est très difficile d'observer les 4 stérigmates à la fois par manque de profondeur de champ ! faire varier la mise au point ..... Un autre élément qu'on rencontre en très grand nombre sur l'hyménium d'un Basidiomycète : la Cystide ! Souvent, on peut la confondre avec des basidioles, qui sont des basides en formation. Une astuce pour les reconnaître consiste à pratiquer une double coloration à la Phloxine B alcoolique et au rouge Congo SDS ; les éléments matures vont se colorer en rouge et les éléments immatures se colorent en violet rose. Voilà Frédéric, Je termine par la photo d'une dissociation, obtenue par écrasement d'une minuscule parcelle de lame (tapoter avec une gomme ou un bout de PVC sur la lame couvre-objet, jusqu'à ce que les éléments se séparent de manière visible).Il est plus facile ainsi d'observer et de mesurer basides, cystides et basidioles, car elles s'écartent les unes des autres ...La qualité des images n'est pas spécialement bonne, mais j'ai dû oeuvrer en vitesse (boulot oblige). Cependant, je tenais à honorer ma promesse de tenter de t'aider ! J'espère que cela te servira de point de départ à de futures photos que tu partageras avec nous ! Voici en dernier lieu une image un peu plus nette et plus spectaculaire de basides chez Lactarius flexuosus ! On voit très nettement les 4 stérigmates sur l'une d'entre elles .... A propos de Clitocybe nebularis, je vous soumets ces quelques lignes du Docteur L. GIACOMONI, mycologue toxicologue, parues aujourd'hui sur le forum Mycologie Europaeae : """"" xxxx me demande un avis sur un article publié dans la revue "xxxxxxxx" par un mycologue dont la spécialité n'est pas la toxicologie (et qui n'est d'ailleurs pas médecin). Ce article apprend au mycophage moyen que Lepista nebularis est un champignon comestible, très recherché dans certaines régions (on ne le sait que trop !). Mais on sait aussi qu'il frappe parfois de façon erratique. Il est trop facile de parler d'allergies, alors que certaines substances toxiques ont été identifiées chez ce champignon, dont la nébularine qui inhibe la croissance des fibroblates et des cellules épithéliales (Loefgren, 1953, Gubta et Bakumi, 1982), et des composés polyacétyléniques comme la diatrétyne. Ce champignon est également avide de métaux lourds (Quinche, Wennig). La fréquentation de mycotoxicologues étrangers dans les congrès internationaux nous confirme qu'il est en ligne de mire des spécialistes, notamment en Italie. On connaît les efforts que nous avons déployé en France comme en Italie pour que les consommateurs soient informés de la toxicité potentielle ce champignon (...et de quelques autres)... même s'il est bien toléré par certains. Et comment peut-on consommer cette chose nauséeuse et malodorante alors qu'il existe pour les amateurs des cèpes, des chanterelles, et bien d'autres ? """"""""""Cette mise en garde est importante, car la dégustation de champignons doit rester une partie de plaisir, non une partie de roulette russe .... Pour votre information, on vient encore de nous signaler 3 décès en France durant ces derniers jours suite à l'ingestion de champignons dangereux ou mortels, par confusion de détermination. M :unsure: Pour votre information, j'ai oublié de préciser que deux des personnes décédées ont confondu des Coulemelles (Lépiote élevée = Macrolepiota procera) avec de grandes Amanites phalloïdes ..... Cueillir des champignons en n'étant pas capable de différencier ces deux espèces relève du suicide pur et simple ! Alors, si vous avez des pulsations mycophages : PRUDENCE ! Il existe des champignons qui sont excellents au goût MAIS qu'on ne mange qu'UNE SEULE FOIS ! M :angry: Bien chers tous, Je vais clore provisoirement ce chapitre "comestibilité" car j'ai peur de déborder du cadre de notre forum "Microscopie" et de me faire admonester par notre modérateur !Voici donc une petite synthèse de ce que je pense à ce sujet, et qui rejoint tout-à-fait les considérations de Claude :1/ manger des champignons implique impérativement la connaissance PARFAITE et la reconnaissance SANS AUCUN DOUTE des espèces mortelles de nos régions ! (...10 à 15 espèces)2/ Poser une considération négative à propos de la comestibilité douteuse d'un champignon représente toujours un exercice périlleux car c'est la meilleure manière de se faire des ennemis à n'en plus finir, surtout en France où la mycophagie est le résultat de la pratique d'une cueillette ancestrale ! .... et je ne tiens pas à gérer un carnet d'adresses où domineraient des ennemis !Il suffit de voir ce qui se passe actuellement avec le bidaou, le nébuleux, ... etc ...3/ Les champignons, même les meilleurs comestibles, sont les indicateurs de pollution par excellence de la nature : ils fixent les métaux lourds (plomb, cadmium, mercure, césium), la radioactivité, les pesticides, les insecticides, les herbicides, et autres déchets toxiques de l'activité humaine. Des effets néfastes se manifesteront vraisemblablement par accumulation, à longue échéance .... Imaginez alors ce que représente l'ingestion de Cèpes de Bordeaux (4 fourchettes dans les guides pour mycophages) cueillis dans un bois situé en bordure d'autoroute....4/ Notre organisme n'est pas "conçu" pour dégrader les sucres complexes (chitine) qui constituent la matière solide du champignon : il faudrait un estomac de ruminant pour y arriver ! Il arrive chaque année d'ailleurs qu'on doive ipratiquer en urgence une opération chirurgicale chez des personnes âgées pour des occlusions intestinales provoquées par des champignons non suffisamment mâchés....5/ Manger des champignons représente à mon avis une sorte de plaisir intellectuel car ils n'apportent quasi rien à notre organisme sur le plan nutritionnel (quelques rares sels minéraux et plus de 90 % d'eau)6/ On peut trouver une signification évidente dans le fait que la plupart des mycologues (il reste des irréductibles...) ne mangent pas ou plus de champignons (alors qu'ils sont vraisemblablement les mieux placés pour les récolter et les déterminer avec un minimum d'erreurs) Cependant, étant un fervent adepte de la liberté de pensée et d'action (à condition qu'elle n'empiète pas sur celle des autres ...), je considère que chacun est libre de faire ce qu'il veut de sa santé et de sa vie, et mon texte ci-dessus n'a qu'une modeste valeur informative....Amitiés et bon dimancheM ;) En réponse à un Clytocybe nébuleux de Frédéric Dubois Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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