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Une Macrocystide de pied en cape


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Bonjour à tous,

 

Bien que la photographie ne soit pas de très bonne qualité, j'ai eu envie de vous faire partager cette observation.

 

Les russules (et les lactaires) ont toujours de très grosses cystides fusiformes (qu'on appelle macrocystides).

...disais-je.

 

Le nom de "macrocystides" rappelle certes la taille de ces éléments mais ce ne sont pas leurs très grandes dimensions (jusqu'à 80-100 µm de long pour un diamètre au sommet de 10-15 µm) qui justifient en soi cette appellation particulière. Au terme de macrocystides, d'autres auteurs préfèrent d'ailleurs celui de pseudocystides.

Disons, pour résumer, qu'une cystide au sens strict est une cellule stérile qui peu ou prou prend naissance au même niveau que les basides et s'intercale entre elles. Les unes et les autres s'enracinent dans ce qu'on appelle l'hyménopode (*).

Les macrocystides des Russules et des Lactaires (notamment) sont d'une autre nature. Chimiquement (j'y ai déjà fait allusion) et morphologiquement.

Elles prennent naissance bien plus profondément que les basides, sur une autre assise de cellules.

Si vous vous reportez à ma précédente photo, vous verrez qu'on n'y distingue pas cette base. En général, il faut fortement dissocier sa préparation pour arriver à voir quelques rares macrocystides éparses et encore entières.

Ici au contraire, un coup de chance (et le contraste interférentiel) m'ont permis d'observer et de photographier une macrocystide entière, encore en place.

 

(*) de : hymenium (= surface fertile) et pode : pied. Hyménopode = assise des cellules de la surface fertile.

 

Fragment d'exsiccatum regonflé dans quelques gouttes d'amoniaque portées à ébullition, examiné dans de la potasse à 5 %. Obj. 63, DIC.

post-32-1084295601_thumb.jpg

Modifié par Claude Lejeune
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Salut André,

Bonjour à tous,

 

Est ce que la présence ou non de ces macrocystides sert à la détermination de certaines espèces?...Si c'est le cas,je reste dans mes mousses!!!

 

Bon, cette photo plait (j'en suis ravi - mais essentiellement pour ce qu'elle montre ; je la trouvais simplement moins sexy que la précédente !) : désolé d'avoir paru jouer les faux modestes. De toute façon, c'est le hasard qui souvent décide...

 

Pour en revenir à ta question un brin taquine, tu n'échapperas pas au pensum de ma réponse !

 

Dans le cas des russules (et des lactaires, mais je connais moins bien) leur présence est (presque) sytématique. Ce n'est donc pas présence vs absence qui est déterminant (à deux ou trois exceptions près).

Et rassure-toi : cette présence saute aux yeux. Ces cellules sont en général émergeantes ; on rame beaucoup plus, surtout sur exsiccata, quand elles sont immerses, ce qui arrive , ou rares. Mais alors leur singularité chimique abrège nos tracas.

Un peu de sulfoaldhéyde (acide sulfurique + vanilline ou benzaldéhyde ou pipéronal) et le tour est joué : elles se colorent en gris noirâtre ou en pourpre violacé, selon l'aldhéyde. Et à petit grossissement (x 10 ou x 40) le "paysage" devient très parlant. Voir Photo jointe à cet effet (*)

 

C'est plus leur forme, encore que cette forme soit monotone (fusiforme ogivale), le fait qu'elles soient immerses ou saillantes et leur taille (d'où mon courriel initial) qui peuvent fournir des indications. La manière (vive ou faible) dont elles réagissent aux réactifs susnommés est un autre trait.

Leur abondance aussi, parfois : un ami russulologue a établi un système de comptage, et donc une cotation "objective", basé sur leur fréquence par mm2 !

 

En fait, ce caractère, comme quelques autres, a été jusqu'à présent absolument négligé du fait de son apparente monotonie (et Bart Buyck, dont je parlais, tente de le réhabiliter : travaillant sur les russules exotiques, et principalement africaines, il en tire un précieux parti).

Tempérons toutefois : c'est souvent plus au niveau des sections, qu'on a d'autres moyens de distinguer, que des espèces, que ces observations ont une certaine homogénéité et sont pertinentes).

 

Pour résumer : la détermination d'une russule au niveau spécifique est un sport passionnant, qui fait entrer en jeu un nombre considérable de caractères mais qui ne s'appuie pratiquement pas, pour l’instant, ou rarement, sur les attributs des macrocystides.

 

Tu peux donc dormir en paix : lorsque tu croiseras, entre une touffe de Polytric et un coussin de Leucobryum, une russule mystérieuse, tu pourras la cueillir pour tenter de lui donner un nom sans avoir à lui triturer ses macrocystides. Mais ce qui t’attend ne sera pas moins coton pour autant…

 

Amicalement,

Claude

 

(*) Fragment de lame regonflé comme le précédent, immergé dans une goutte d'acide sulfurique à 80 % additionnée de pipéronal (d'où la réaction rougeâtre sombre et non noire ou grise comme dans la sulfovanilline) . Obj. Plan Neofluotar x 40 (et prise de vue en champ très large).

post-32-1084322456_thumb.jpg

Modifié par Claude Lejeune
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