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Champignons : que regarder ?


 †Claude Lejeune

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En Bavardages, Frédéric alias Bret a écrit :

Je profite de ce sujet pour poser une question un peu simpliste concernant la mycologie et la microscopie:

A part les spores, quels éléments du champignon peut-on observer au microscope?

J'imagine, bien sûr que l'on peut faire des coupes, les colorer et les observer, mais plus de détails m'intéresserais!

Une autre question: Quel livre conseillez-vous? J'ai déjà des "guides des champignons" mais j'aimerais un manuel qui soit plus scientifique et qui aborde les moyens d'études comme la colorations, la microscopie, l'étude du terrain etc...

Merci d'avance,

Frédéric (Bret)

 

Faisons bref, car comme dit en bavardages, pour répondre correctement, il faudra un peu plus de temps et surtout de la méthode. Ca viendra...

Ceci n'est qu'un très rapide aperçu.

 

Que voir ?

Les réponses varient selon la catégorie des champignons qu'on étudie. En règle générale :

- Les spores (mures), bien sûr.

Taille et forme ; métachromasie (c'est à dire changement de couleur induit par certains réactifs : l'iode et le bleu de crésyl étant les grands classiques) ; dessin ornemental en cas d'ornements (et taille de ces ornements), etc.

Mais le niveau d'information de ce caractère lui-même est fluctuant selon les genres : relativement pauvre par exemple chez les tricholomes, les clitocybes, etc., il peut être crucial dans d'autres genres (ou sous-genres ou sections...).

Les spores de russules sont ainsi parmi les plus riches en informations.

(Cette relativité s'applique bien sûr à tous les caractères observables).

- les cellules stériles de l'arrête et (ou) des faces des lames (voir ici même sous "cystides")

- les cellules constitutives du revêtement du chapeau (la "cuticule"et ses différentes "states") : forme, contenu, taille et tutti quanti

- les pigments (localisation du pigment : vacuolaire, membranaire, etc.).

- la présence de cloisons et (ou) de boucles - des petites anses au niveau des cloisons - sur les cellules. Cellules qu'on appelle en fait les "hyphes" chez les champignons, en raison de leur nature filamenteuse.

 

Ces observations se font, par ordre croissant de difficulté, sur :

- des dilacérats (fragment écrabouillé) quand on sait ce qu'on cherche et que l'organisation des tissus importe peu;

- des scalps (prélèvement des surface en coupe fine ou en "épluchage");

- des coupes radiales.

On observe les tissus dans un colorant "universel" d'abord (rouge congo SDS ou amoniacal), on affine en fonction de ce qu'on cherche ensuite.

 

Que lire ?

Vaste sujet.

Commencer par un incontournable, passage obligé ou presque de tous les apprentissages : "La description des champignons supérieurs" de Marcel Josserand, un Maître du siècle révolu, à l'écriture fluide, belle et précise - un humaniste comme il n'en existe plus guère.

(Fouiller le Net : les deux premières éditions, 1952 et 1983, sont épuisées, la troisième, dont je n'ai pas les références, serait en passe de l'être...)

Ensuite : un clé d'orientation générale. Là encore, la meilleure des clés "généralistes", pour démarrer (...et aller bien plus loin ensuite), est épuisée : La Flore des Champignons supérieurs de R. Kühner et H. Romagnesi (1953). En fouillant, on trouve - ou on photocopie...

Enfin : des clés monographiques (dédiées à un seul genre et réservées non pas à des "spécialistes" mais à des "généralistes" déjà familiarisés avec les techniques d'observation de base).

 

La connaissance d'une ou plusieurs langue étrangères étend évidemment le champ bibliographique. Le vocabulaire nécessaire est assez restreint : on apprend vite (pour peu qu'on le veuille !). Il existe d'ailleurs des glosssaires en 6 langues ou plus.

 

Je reviendrais un de ces quatre plus en détail sur la question, comme promis et en l'illustrant. En attendant, n'oubliez pas qu'un moteur de recherche judicieusement utilisé et un peu d'entêtement permet déjà de trouver des réponses à quantité de questions, notamment bibliographiques...

 

Cordialement,

Claude

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Bonjour à tous…

 

Et un grand merci à Claude Lejeune pour son « très rapide aperçu » que j’ai lu et relu avec énormément d’intérêt. J’entrevois que la mycologie microscopique est un champ immense et passionnant d’investigation. Je vais m’y attaquer avec la candeur du débutant.

 

Je constate aussi que les ouvrages de mycologie sont frappés de la même malédiction que ceux concernant la microscopie ou l’étude des diatomées : dès lors qu’un livre est un classique incontournable, et fait l’unanimité depuis plusieurs décennies, il est soit épuisé soit en passe de l’être. Quoiqu’il en soit j’ai quand même pu passer commande de « La description des champignons supérieurs » de Marcel Josserand.

J’espère poster bientôt les premières images de mes débuts en

« micromycologie »

 

Merci encore Claude pour cette réponse précise à mes questions.

 

Frédéric

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Bravo à Claude, pour ce début passionnant et prometteur ! Il y apporte son sérieux habituel et sa rigueur, dont je suis le spectateur admiratif lors de nos congrès communs .... rien ne peut le distraire ! même pas la dégustation d'un vieux vin ou d'une douzaine d'huîtres .... Un véritable ascète ! .... pour les jolies filles, je ne sais pas si l'impact est pareil ! ;)

J'adresse tous mes encouragements à Bret et je ne peux que l'engager à se lancer dans l'aventure, tout en le prévenant que c'est une véritable drogue, qui va le ronger jour et nuit ; mais quel plaisir au bout du compte !

Pour ceux qui ne le connaissent pas, il reste aussi mon site qui peut être regardé comme une petite porte ouverte vers la mycologie microscopique, et qui montre modestement ce qui peut être réalisé avec des moyens ordinaires.

Amitiés et bon WE à toutes et tous

M :)

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