Dominique. Posté(e) le 22 août 2017 Signaler Partager Posté(e) le 22 août 2017 Pourriture du navet La récolte de navets a été plutôt bonne - mais la conservation n’est pas très facile ,ils se conservent dans un pièce sombre , sèche - les navets étant entourés individuellement de papier de journal .D ‘ordinaire s’installe un processus de déshydratation sans conséquence pour leur consommation mais cette année certains navets se sont mis à pourrir . J’ ai remarqué que la pourriture atteignait surtout les navets attaqués par un insecte qui avait perforé la racine ( en fait botaniquement leur hypocotyle) .la coupe confirme la présence d’insectes ( découverte de plusieurs nymphes ). Une autre constatation est le développement dans les galeries creusées par l’insecte d’un feutrage mycélien. L’ exploration au microscope constate que ce feutrage se poursuit dans la substance du navet - et transforme cette substance en un tissu brun sombre , très humide et mou ,sorte de bouillie à forte odeur de pourriture . La moisissure. Les prélèvements, colorés au bleu coton, permettent de se faire une idée de son identité .Aspect général :Le feutrage ou thalle est plutôt floconneux blanc grisâtre (comme le montre la photo ci – dessus). Sur les clichés il existe :des phialides ( A) solitaires ou en groupes développées sur des conidiophores ramifiés( .les hyphes sont septés ©.Les spores ou conidies Elles sont hyalines (dans cette présentation elles sont colorées en bleu par le bleu coton ) ces Conidies sont de deux sortes: -- microconides ovales unicellulaires ou bicellulaires. Les macroconidies sont plus ou moins droites ou incurvées, septées , arrondies aux deux extrémités. Microconidies MacrocinidiesPour avoir une idée plus précise de cette moisissure on réalise un milieu de culture le Szapeck( ensemencement avec le tissu du navet ).Après 36 heures et 7 jours de mise en étuve à 22 °degré. Il se développe un feutrage blanc floconneux qui avec le temps tourne un peu au brun.La culture permet une étude en épiscopie .Ces images montrent une tendance des conidies à former des glomérules - ( lors des manipulations et des colorations cet aspect tend à disparaître car la fixation des conidies est très fragiles et ne supportent pas la moindre manipulation ) . Je n’ai pas mis en évidence de Chlamydospores . L’ensemble de ces constatations autorise le diagnostic de Cylindrocarpon très probablement Cylindrocarpon heteronema qui est un champignon imparfait -( la forme parfaite etantNectria Galligena ).Schema extrait de Moisissures utiles et nuisibles de B Botton et col. Le fongus est une étape du processus de pourrissement .Sur les coupes de l’ hypocotyle du navet on constate bien d’autres choses.2 éléments sont très évidents. A -Les acariens - surtout représentés par un acarien blanc avec des motifs .B -Une grande quantité de vers. Des bactéries en grand nombre. Les acariens :L’ acarien nécessite une courte présentation - La première chose à dire est qu’ il n’ est pas examinable au microscope de premier abord ; les téguments de cette espèce sont opaques . La cuticule est couverte d’une sécrétion : le cerotegument , qui lui donne un aspect blanc nacré –La plupart du temps les acariens sont plus ou moins translucides - du moins ils sont le plus souvent hyalins.La photo suivante a été obtenu par éclairage épiscopique : A grossissement 400 et toujours avec un éclairage episcopique l’ aspect du cero tégument : Il a donc été, nécessaire de laisser l’ acarien 12 heures dans une solution aqueuse à 5% de KOH pour le clarifier. L’examen de plusieurs acariens réserve une surprise : il y a au moins 2 espèces ayant ce caractère tégumentaire. L’examen de la partie antérieure montre une nette dissemblance du gnathosome ( ex capitulum ) (cette préparation n’a pas bénéficié d’un bain de KOH - d’ où l’aspect noir du tégument) Les vers Ils semblent tous de la même espèce. La bouche semble avoir quatre lèvres .La détermination des acariens et des vers est un enfer pour spécialistes ; donc on se contente de les regarder . Conclusion : La pourriture d’un légume apparaît être le résultat d’une succession d’évènements : Au départ une perforation par un insecte.Ensuite par l’orifice pénètre un mycélium très fréquent dans la terre le Cylindrocarpon .Le mycélium modifie la structure cellulosique du navet la rendant facilement assimilable pour d’autres espèces - Les vers et les acariens se développent. Les bactéries ont pénétré très vite une fois rompue la cuticule du légume qui était sa barrière de défense. Le processus de destruction ( en fait de transformation) va se poursuivre jusqu’’ à épuisement des réserves énergétiques que représente l’ hypocotyle du navet - A ce moment-là les participants vont utiliser leur système de survie : l’ enkystement , les œufs , les spores ou les zygospores en attendant un autre moment favorable. Dominique Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pablito Posté(e) le 23 août 2017 Signaler Partager Posté(e) le 23 août 2017 On lit tes sujets comme des romans ... Merci Dominique !!! et quel travail !!! Pierre Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jean-Luc Bethmont (Picroformol) Posté(e) le 31 août 2017 Signaler Partager Posté(e) le 31 août 2017 Bonjour Dominique, Intéressant cette chronologie de la décomposition du navet avec les différents "intervenants". Il ne manque plus que les bactéries. Cordialement,JL Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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