Dominique. Posté(e) le 14 août 2018 Signaler Partager Posté(e) le 14 août 2018 (modifié) Les vrilles De nombreuses plantes ont développé un système qui permet une progression dans leur croissance : la vrille .Les exemples sont très nombreux Dans le jardin j’ ai trouvé 3 exemples :-La Bryone qui se développe sur ma Haye de Thuya ;-La vigne ;-Le haricot à rame (Haricot de Soissons) .Le sujet pour un microscopiste est de mettre en évidence si possible les modifications anatomiques qui aboutissent à ce résultat. Un peu d’histoire en introduction.La vrille a toujours fasciné les botanistes et de nombreux dessins ont été réalisés.En 1877 Charles Darwin réalise les croquis suivants : https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Darwin_-_Les_mouvements_et_les_habitudes_des_plantes_grimpantes,_1877.djvuDarwin nota que la vrille pouvait être le résultat d’un processus d’adaptation au milieu. Pour former une vrille la plante va transformer un organe déjà présent : cela peut être une tige ( cas du Haricot ) - d’un pédoncule de fleur ( cas de la vigne ) - d’un pétiole ( cas de la Bryone ) – d’une feuille ( cas du Petit pois , de la Gesse , de la Vesce )La Bryone : Bryonia dioïca On constate que la vrille de la Bryone se développe qu’il y ait ou pas un point d’ attache - L’enroulement va se faire avec des spires serrées uniquement si un contact est établi avec un support éventuel sinon elle pend dans le vide avec une tendance à la linéarité sauf à son extrémité .Il est difficile d’obtenir une coupe bien plane d’une structure qui spirale .Coloration Wacker Asim II - coupe 80µm Sur cette coupe les cellules parenchymateuses semblent plus compressées dans la partie inférieure de la coupe ; cette partie forme la courbure interne de la vrille . On retrouve cette compression sur le côté droit de la coupe par rapport au côté gauche ( le côté droit est la zone interne de la courbe ( concave ) . Et en coupe longitudinale ( panorama ) . La constatation anatomique est qu’ il existe une différence dans la répartition des cellules du tissu cortical dans la zone interne ( concave) de la courbure par rapport à la zone externe ( convexe ) mais ici la mesure d’ épaisseur est la même. On peut donc penser qu’il existe un déterminisme génétique à constituer cette différentielle de structure qui conduit à la courbure de la tige - mais que ce processus subit une stimulation quand des chémo ou mécano récepteurs sont stimulés par un contact avec un élément extérieur végétal - minéral ou métallique . ( -haptotropisme ) ( Ces récepteurs spécifiques n’ont pas été trouvés dans ce cas - existent-ils ? ) .Donc chez la Bryone la vrille se forme avant même tout contact - le contact ne va que déclencher une accélération de la vitesse et de l’ intensité d’un processus déjà en cours .On va retrouver un processus un peu différent chez la vigne .La vigne : Vitis vinifera.La vrille de la vigne est une structure beaucoup plus puissante .Les spires sont larges et rigides . — Les vrilles de la Vigne sont des pédoncules floraux modifiés, naissant vis-à-vis d’une feuille; elles bifurquent une et souvent plusieurs fois; chacune des branches est recourbée à son extrémité, de façon que la concavité soit en dehors de l'angle des deux branches. Dans le cas de la vigne la vrille se forme sans aucun besoin de contact - si la vrille rencontre un support elle l’ accroche . La vigne a une réaction très lente au contact d’un support qui cependant orientera sa rotation ultérieure. La mise en évidence d’une différence entre le parenchyme de l’ intérieur de la courbure et de l’ extérieur de la courbure est ici beaucoup plus difficile .En fait la coubure progressive ne rend pas le processus histologiquement visible . Le Haricot de Soissons Phaseolus vulgaris (14000 cultivars)Le haricot à rame développe une technique beaucoup plus compliquée. Dans un premier temps le haricot prolonge linéairement sa tige apicale jusqu’ au moment où elle rencontre un support possible - la courbure commence à partir de cet instant. .Macroscopiquement il est facile de comprendre le processus : La tige se met à vriller autour de son axe - le résultat est que la totalité de la tige se courbe - ce qui est étonnant est que le mouvement de rotation de la tige sur elle – même se fait en tenant compte du point de contact pour l’ enserrer .Anatomiquement on ne trouve pas de différence dans l’épaisseur du parenchyme mais on découvre un processus très curieux :Coloration Etzold bleu./ Chrysoidine. La tige n’a pas de forme régulière et sa surface sur une coupe histologique semble franchement désorganisée ( la photo de la tige nous montre que l’ organisation n’ est perceptible qu’à l’échelle macroscopique ) . Elle est armée de nombreuses épines et de petits organes de type récepteurs. Les épines :Le toucher de la tige est très rêche , elle accroche facilement les tissus - De ce fait elle autorise un maintien immédiat sur un support étranger qui se présente . Image d’une de ces multiples micro épines : ( DIC ) Les organes sensoriels : L’hypothèse est que ces poils sensoriels déclenchent le processus de torsion axiale de la tige et par conséquence d’encerclement du tuteur. (Nature du processus biochimique ?) . Parmi les mécanismes cellulaires qui sont à l’origine de l’ incurvation nous avons rencontré la modification morphologique des cellules mais il a aussi été noté leur turgescence ( endosmose et exosmose ) favorisée par la modification de l’ ensoleillement et des modifications des paramètres de la chimie endo-cellulaire .Point curieux : lorsqu'une vrille est arrivée au terme de son développement sans avoir atteint un support, elle finit par s'enrouler sans avoir eu besoin de contact . Question classique : les vrilles vont-elles de gauche vers la droite ou de droite vers la gauche. La réponse est : des deux côtés.Preuve chez la Bryone : La structure histologique d’ une vrille est celle de l’ organe qui est à son origine ( Tige du haricot ,Pédoncule floral de la vigne – Pétiole de la bryone ) .La Conclusion : La différentielle de croissance entre le côté externe convexe et le côté interne concave de la vrille est l’explication la plus souvent retenue . Il serait intéressant de poursuivre cette petite présentation des vrilles en reprenant chacune des nombreuses plantes qui en développent et découvrir leurs petits secrets. (Entre autre la formation de produits adhérents sur les supports pour certaines plantes et bien d’autres choses encore ….) . Donc à suivre…….http://forum.MikrOscOpia.com/topic/17491-vrille-botanique-histologie-2/?hl=%2Bvrilles+%2Bbotanique Dominique . Modifié le 6 décembre 2018 par Dominique. 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solito de solis Posté(e) le 15 août 2018 Signaler Partager Posté(e) le 15 août 2018 (modifié) @DominiqueSujet très intéressant alors qu'aujourd'hui l'intelligence des plantes est de plus en plus sujet à de véritables découvertesNotamment par leur perception de l'environnement immédiat.Dans ton exposé tu parles de contact comme pouvant être un déclencheur...Et bien que l'on pensât plus aisément à un contact "toucher" ou "caresse", le contact peut se trouver être chimique, thermique ou autrement vibratoire comme par exemple le phonotropismeou sensibilité aux sons) s. De plus, à ce jour on a recensé au moins 700 sortes de capteurs sensoriels chez les plantes : mécanique, chimique, lumineux, thermique…ce qui en fait des êtres hypersensibles et très informés ! (Mancuso, l'Intelligence des plantes.) A ce sujet on peut consulter les textes et les études ainsi que les videos de l'italien Stefano MANCUSO (fondateur de la neurobiologie végétale) qui sont extraordinairement loquaces.Lire aussi de Peter Wohleben, la vie scrète des arbres De Mancuso et de l'approche par les plantes de supports (les vrilles sont des tentacules) qui les intéressent ou qui sont malheureusement déjà occupés par d'autres...voir cette video aux alentours de 01:55' Ceci ne met pas bien sûr ton exposé en dévaleur, bien au contraire, bien des questions se posent comme par exemple Comment évoluent les racines d'une plante dont les vrilles cherchent en permanence à croître en état d'équilibre ? tu écris: La différentielle de croissance entre le côté externe convexe et le côté interne concave de la vrille est l’explication la plus souvent retenue Je pense cependant que les interprétations qui te servent de documentation sont parfois un peu "dépassées" ou pour être constructif, à réévaluer.Extrait de L'intelligence des plantes.Toucher, odorat, ouïe sont autant d’informations sensitives également précieuses pour les plantes. On vous parlait de tomate tout à l’heure, mais parlons maintenant du concombre qui doit grandement sa survie à son sens du toucher. En effet, Sicyos angulatus, le concombre, doit s’agripper aux autres plantes pour s’élever du sol et espérer avoir sa place au soleil. Pour trouver ses plantes et s’y accrocher, Sicyos possède des vrilles que l’on peut comparer à de longues tentacules cherchant un support autour duquel s’enrouler. Daniel Chamovitz, de l’université de Tel Aviv à Israël, rapporte qu’en déposant un fil d’un poids de 0,25 gramme sur la vrille, on provoque son enroulement. AMicalementSDS Modifié le 15 août 2018 par solito de solis Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 15 août 2018 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 15 août 2018 Bonsoir Solito de Solis Merci de votre intervention .J ‘ai bien conscience d’ avoir mis le bout du doigt sur un sujet qui me dépasse .La vrille est un des symptômes de l’ adaptation constante des plantes à leur milieu et des interactions que chaque plante développe avec ses voisines .Ce qui la rapproche des interactions rencontrées dans le monde animal .La vieille expression en parlant d’un sujet amorphe - « c’est devenu un légume » perd désormais tout son sens péjoratif . Bien cordialement Dominiqued Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
solito de solis Posté(e) le 16 août 2018 Signaler Partager Posté(e) le 16 août 2018 (modifié) @DominiqueNéanmoins, on ne peut qu'attendre avec toujours autant de plaisir vos apports synthétiques et votre minutieuse attention à exposer votre patient ouvrageLes illustrations sont très intéressantes et votre générosité tout pareil. Les interprétations évoluent tout au plus et donc rencontrent des variantes et des oppositions dans la littérature progressive et plus particulièrement comme vous le ditesau sujet de ces plantes, que l'on imaginait être à la merci de l'homme de par leur apparente sujétion immobile et leur enracinement que l'on comparait à des êtres amorphes presque insignifiants.L'avenir nous apprendra bientôt à quel point les végétaux ont colonisé l'humaine race et combien aucun être vivant n'aime à être mangé sans ensuite se protéger par des poisonsqui devraient faire réfléchir les obstinés Vegans.Je vous encourage à poursuivre encore et encore vos exposés sans trop tenir compte de mes interventions si elles vous semblent parfois un peu hard.Merci énormément.SDS Modifié le 16 août 2018 par solito de solis Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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