Dominique. Posté(e) le 9 janvier 2021 Signaler Partager Posté(e) le 9 janvier 2021 (modifié) Galle pointue du HêtreMikiola fagi 2 galles(Cécidies) ont déjà été présentées sur le site :La galle du rosier et la galle de l’érable https://forum.MikrOscOpia.com/topic/14116-galle-de-l%C3%A9rable/?hl=gallehttps://forum.MikrOscOpia.com/topic/6199-champignon/?hl=galle&do=findComment&comment=25674 Cet été lors d’une promenade en forêt les feuilles basses d’un hêtre présentaient des bourgeonnements - Les feuilles sont restées dans un coin du labo jusqu’à maintenant .Photo, prise cet été, de la face supérieure de la feuille :Photo de la face inférieure de la feuille : Une coupe longitudinale de la galle est réalisée :Aspect de la paroi :Vue panoramique de cette coupe (qui n’est qu’une moitié de la galle).Le logiciel ICI n’ayant pu réussir à organiser les 60 photos nécessaires pour la totalité Examen plus détaillé au X 60 : On constate que l’on retrouve l’organisation déformée de la feuille :A Cuticule.B Epiderme supérieur (parenchyme foliaire).C Zone correspondant à la zone palissadique d’une feuille ( on remarquera que cette zone est fortement lignifiée - ce qui assure la dureté et la résistance de ce type de galle ).D Zone correspondant à la zone lacuneuse d’une feuille. E Sclérenchyme primaire.F Parenchyme de la cécidie.G sur cette coupe il n’y a pas de développement de tissu nutritif. Zone d’appui de la galle sur la feuille : Cet aspect est un peu diffèrent suivant les zones de coupes . Cette galle a été cueillie durant le mois de juillet -De ce fait la larve n’a pas encore totalement consommé les cellules de la feuille porteuse - On ne trouve pas encore ici le bouchon fibreux que cette larve va fabriquer.Il faut remarquer que la galle n’ adhère à la feuille que sur une très petite surface : « la zone de faiblesse » . Résultat d’une coupe axiale de la galle A – Sclérenchyme.B – Vaisseaux nourriciers.C - Couche nutritive. On remarque l’important développement des vaisseaux nourriciers sur la face interne de la galle . C’est grâce à ce réseau que le tissu nutritif va pouvoir se développer assurant un bon nourrissement de la larve . Quel aspect a l’habitant du lieu : Si on ouvre délicatement la galle il apparait un petit asticot. Cette larve est la forme larvaire d’un petit diptère de la famille des Cécidomyiidés :Mikiola fagi . Pour trouver de la nourriture la larve doit brouter les cellules de la paroi interne de la galle –L’ examen de cette paroi montre que seulement certaines zones sont consommables .Ce sont surtout les zones latérales. Coupe d’une zone latérale : On voit que le développement du parenchyme nutritif ( A ) est ici très important. Cette zone du grand axe de la galle a, par contre, un très faible développement de tissu nutritif. Une fois la croissance achevée la libération de l’insecte se fait par la disparition du bouchon inférieur. Le bouchon tombe et libère l’orifice de sortie de MIkiola fagi (photo issue du web) Histoire naturelle ( extrait des références 1 et 2 )************************L’origine de ces galles est un petit diptère de la famille de Cécidomyiidés .Cette espèce est présente dans l’Europe continentale (rare en Grande Bretagne) .Au début du printemps les adultes de 3 à 4 mm émergent et vont pondre sur les bourgeons de hêtre à la période de leur ouverture. C’est à dire à la période où le méristème ( cellules totipotentes ) est accessible à la tarière des petites guêpes .Les œufs sont déposés un par un ou par petits paquets sur les écailles des bourgeons.L’œuf éclos peu après et donne naissance à un minuscule asticot qui va s’installer sur une feuille encore enroulée habituellement près d’une nervure.Les premières morsures de la larve vont déclencher d’ abord une destruction enzymatique de la surface de la feuille .ce qui permet à la larve de se glisser à l’intérieur de la feuille ; puis la salive du parasite digère les protéines végétales .Ce qui aboutit à la formation d’ une hormone végétale l’ Auxine , responsable du développement des cellules foliaires .Mikiola fagi va alors se nourrir en grignotant les parois internes de la galle .L’asticot termine sa croissance au cours de l’été.En septembre il s’attaque à la base de la galle qui repose sur la feuille et forme un bouchon fibreux.Courant octobre la galle soit se détache d’ elle-même de la feuille , soit tombe avec la feuille ou reste sur l’ arbre si la feuille est de type marcescente ( elle ne tombe qu’ avec la poussée de la jeune feuille ) .Au printemps l’asticot devient une nymphe qui éclot fin mars début avril et le cycle recommence. (Cette transformation semble déclenchée par la disparition des tissus nutritifs).Mais pas toujours car les galles doivent franchir de nombreux dangers –La galle peut être perforée par des guêpes parasitoïdes et dans ce cas au printemps se seront toute une colonie de petites guêpes qui émergeront.La galle est un met hivernal de choix pour les campagnols et les mulots.Les galles sont aussi le lieu d’hébergement d’un grand nombre de profiteurs et tout ce petit monde cohabite avec plus ou moins de bonheur. Cette cohabitation n’est pas sans conséquence sur la morphologie des galles qui dans ce cas peuvent voir altérer leur forme habituelle. La présence des galles en grand nombre est une gêne pour la croissance de l’arbre. Donc les Galles sont des tumeurs végétales qui peuvent être déclenchées par de très nombreux parasites bactéries – champignons – nématodes – acariens ( 15% des cas) – insectes .(75% des cas )soit 13000 espèces d’insectes ).Chaque espèce n’élira son domicile que sur une plante précise le plus souvent sur les feuilles (mais aussi racines – tiges -fleurs).On parle de coévolution parasite /plante qui a commencé il y 300 millions d’années. Discussion :Il est étonnant que le simple fait de la synthèse d’ auxine puisse aboutir à l’organisation d’une telle structure ( théorie actuellement admise ) .Il est plus probable qu’ un certain nombre de molécules contenues dans la salive de la larve agissent sur la mécanique génomique des cellules du méristème sachant que l’environnement en permettant ou en empêchant l’activité d’une enzyme, peut influencer le phénotype moléculaire, ce qui modifie le phénotype macroscopiqueLe phénotype dépend donc non seulement des gènes mais aussi de facteurs environnementaux. L’environnement module l’expression des gènes. Ce qui a été démontré avec les drosophiles. L’ épigénétique qui se développe actuellement montre que l’ expression des gènes est non seulement fonction des gènes sur la séquence des acides nucléiques mais aussi de la possibilité de l’ expression de ces gènes .Le phénomène de blocage par méthylation ou de déblocage par deméthylation de la lecture de la bande ADN va modifier la possibilité d’ expression du message initial .Les enzymes produits par la morsure du parasite vont agir sur l’expression des gènes des méristèmes et par conséquent sur la synthèse des protéines. Le résultat final sera donc très diffèrent du plan initial Conclusion :Les galles représentent un énorme sujet d’étude en botanique pour les microscopistes amateurs que nous sommes. Technique de préparation Coupe de 70µm au Minot après inclusion dans le PEG Coloration : AFA (- alcool – formol – acide acétique) 10 minutesAcridine 4 minutesBleu Astra 1 minuteSafran alcoolique ( Solution saturée ) 1 minuteMontage : Euparal Références :Ref 1 :https://www.zoom-nature.fr/la-galle-pointue-du-hetre/Ref 2 : http://www.foretwallonne.be/images/stories/pdffolder/fw89_11-19%5Bgalles%5D.pdf Dominique. Modifié le 13 janvier 2021 par Dominique. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
JPL80 Posté(e) le 10 janvier 2021 Signaler Partager Posté(e) le 10 janvier 2021 Bonsoir DominiqueIl existe de nombreuses variétés de gales, et on en trouve sur de nombreuses plantes.Donc, comme tu le dis, elles constituent un énorme sujet d'étude et le canevas donné dans ton admirable observation est un guide précieux que je ne manquerai pas d'exploiter.Merci pour les indications sur les techniques de préparation utilisées.JPL80 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
solito de solis Posté(e) le 10 janvier 2021 Signaler Partager Posté(e) le 10 janvier 2021 @DominiqueJ'adore vos présentations toujours bien documentées et illustrées en abondance avec ces coupes dont vous avez la maîtriseVotre hêtre est donc un hêtre commun ou Fagus sylvatica, hôte de prédilection de ce diptère Mikiola fagicordialementSDS Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Didier Ba Posté(e) le 11 janvier 2021 Signaler Partager Posté(e) le 11 janvier 2021 (modifié) Bonjour, Très intéressant.Merci pour ce magnifique exposé Dominique. Pour le "compléter" très modestement, j'ajoute de l'acide gallique présent dans beaucoup de ces galles(acide gallique cristallisé pris en lumière polarisée). Cordialement,Didier Modifié le 11 janvier 2021 par Didier Ba Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 11 janvier 2021 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 11 janvier 2021 Bonsoir Merci Solito de solis pour vos commentaires. Didier comment obtenir de l’acide gallique ? - cet acide a-t-il une utilité ? JLP pour les colorants on se trouve devant un nouvelle difficulté .Ces colorants étaient fournis par Klaus Hermann qui est décédé il y a peu de temps et je ne sais pas si quelqu’un va prendre la suite . Amicalement Dominique Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Didier Ba Posté(e) le 11 janvier 2021 Signaler Partager Posté(e) le 11 janvier 2021 Dominique, L'acide gallique est un antioxydant, on l’utilise comme additif dans les aliments, les cosmétiques , et les médicaments. Il est aussi utilisé dans l’industrie pharmaceutique pour déterminer la teneur en phénol de produits chimiques, et dans le domaine médical pour ses propriétés antitumorales et antibactériennes. Je ne sais pas comment obtenir de l'acide gallique, j'ai utilisé une préparation. Cordialement,Didier Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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