Jean Marie Cavanihac Posté(e) le 9 décembre 2023 Signaler Partager Posté(e) le 9 décembre 2023 POILS DES PLANTES Jean-Marie Cavanihac, Les poils font partie de l'évolution des mammifères : leur fonctions étaient diverses à l'origine : protection contre le froid, contre les piqûres d'insectes etc... Mais les plantes elles aussi portent des poils, plus ou moins denses ou clairsemés. Il est probable que leurs fonctions sont similaires : protection contre les insectes tout d'abord. Voici une observation facile à faire avec les plantes du jardin ou à l'occasion d'une promenade dans la nature . Nul doute que le poil ci contre est quasiment une défense anti char,... (on appelle cela des 'chevaux de frise' ne me demandez pas pourquoi !) à l'échelle d'un puceron et un poil ordinaire prend la taille d'un arbre toujours à son échelle ! . Mais les poils des plantes ont probablement d'autres fonctions : ils augmentent la surface des feuilles et tiges et peuvent permettre une meilleure régulation de la température. Souvent le dessous des feuilles est couvert de poils qui piègent les gouttes de rosée et permettent ainsi de ralentir le dessèchement. Pour nous, amateurs de mondes microscopiques, les poils présentent aussi un grand intérêt et cela pour plusieurs raisons : 1 - ils sont faciles à trouver , dans votre jardin ou même sur votre balcon, 2 - ils sont intéressants par leur variété de formes, Enfin ce sont de très bons objets pour s'initier au montage de préparations sous gélatine glycérinée par exemple. C'est d'ailleurs un sujet type, assez facile, pour démarrer les activités de microscopie,qui permet d'illustrer les diverses étapes de notre démarche : collecte, prélèvement/traitement des échantillons, observation, montage . Par ailleurs les observations n'exigent pas un grandissement important (photos de cet article prises au x 6,3 ou x 15 pour les détails ) ce qui les mets à la portée de tous , y compris des microscopes bon marché. Donc le printemps est là, la nature se réveille et les plantes poussent partout, y compris des herbes sauvages que nous aurions tort de mépriser dans notre quête de sujets intéressants. L'identification des espèces peut poser quelques problèmes mais ce n'est pas le but du jeu : simplement trouver des objets surprenants à observer. Il y a juste un petit préalable à leur obtention qui est de les prélever de la manière schématisée ci dessous : avec un scalpel ou un cutter bien tranchant tenu incliné (attention les doigts ! ) faire une légère incision sur la tige d'un demi millimètre de profondeur si possible. Attraper le bout découpé et tirer doucement avec une pince à épiler par exemple. Un morceau d'épiderme de plus en plus fin va se détacher : placez le immédiatement dans une goutte de liquide glycériné et recommencez l'opération pour avoir un certain nombre d'échantillons. Les meilleurs seront ceux où on a réussi à enlever (même sur quelques millimètres seulement ) une seule couche de cellules qui permettra de voir les poils et leurs fixations. Pour commencer, voici un poil pas plaisant du tout, celui de l'ortie : pourtant en dépit des cuisants souvenirs qu'il nous laisse c'est une merveille de réalisation : le poil est une partie d'une glande située à sa base qui secrète, entre autre, de l'acide formique (celui des fourmis). La pointe en est très fragile et se brise en biseau au moindre contact pour mieux se planter dans votre peau. Le même mouvement comprime la base du poil qui se fait un plaisir de vous injecter le venin ! Mais le spectacle est aussi un émerveillement en lumière polarisée. Le détail montre l'extrémité d'un poil intact ou l'on voit très bien le canal interne. Autre grand classique : le poil de géranium (ou plutôt de pélargonium) : tout le monde connaît la senteur forte de ces plantes (qui passent pour éloigner les moustiques) dés qu'on les touche et le microscope nous en donne l'explication car le poil porte à son extrémité une goutte d'essence parfumée. Voici des poils avec la goutte intacte et le détail d' un autre ou elle s'est dissoute ou évaporée. La lavande aussi (qui passe également pour un répulsif des moustiques ..) présente des poils aux formes surprenantes sur les tiges et surtout les feuilles : la lavande n'a pas l'air très poilue me direz vous, mais allez y regarder de plus prés et vous serez surpris. Les poils ressemblent à des arbres en miniature (vus de profil sur l'image de gauche) Dans le genre pas très poilu : le lierre, même si les poils sont plus rares et très écrasés contre la tige : leur forme en étoile vaut le déplacement ! Autre plante intéressante le chèvrefeuille, qui vous en donne deux pour le prix d'un, car on observe deux types de poils dont ceux ci en forme de massue. Et les fleurs me direz vous: j'y arrive. Voici un poil de chrysanthème (en grec littéralement : fleur d'or ) avec de jolis poils en forme de T. Vous pouvez également observer les poils à l'intérieur de diverses fleurs (pistils en particulier …) La tige du tournesol possède de longs poils segmentés : Une plante sauvage aux feuilles dentelés genre pissenlit, nous montre quelques crochets et fourchettes: Autre 'crocs' impressionnants sur les bords d'une petite feuille : Le chardon qui pourtant est couvert d'épines, peut être pour s'excuser, nous offre le spectacle de ces poils arrondis en fond noir ... (noter que le fond noir se prête bien à ces observations … ) Mais j'ai gardé pour la fin (ci dessous à gauche au x 2 ) une application astucieuse des poils de certaines graines qui grâce à leur forme, s'agrippent à la fourrure des animaux ( à nos bas de pantalons aussi ... ) et en profitent pour se disséminer comme le fait la graine de Bardane. D'ailleurs ce sont elles qui donnèrent à un ingénieur Suisse, Georges de Mestral , dans les années 50, l'idée (et le brevet) du Velcro* : Il ramenait (et son chien aussi...) , de ses promenades, ces graines très 'attachantes' et il eut l'idée de les observer au microscope... et l'idée du velcro prit forme . Après plusieurs années de mise au point elle conduisit aux produits que nous connaissons aujourd'hui. N'est ce pas une belle histoire qui illustre bien l'apport de la curiosité à la science ... ? (A droite image d'un autre poil d'une autre graine qui utilise le même principe, mais je ne sais pas son nom ! ) * Velcro est la contraction de VELvet (velours)CROchet : observez au microscope les deux parties d'un velcro et vous comprendrez pourquoi. Le problème majeur a longtemps été la réalisation industrielle des crochets. Voir : http://inventors.about.com/library/weekly/aa091297.htm Voici d'ailleurs une image des deux parties d'un velcro : crochet et boucles : JMC Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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