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Feuille Histologie Consistance


Dominique.

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La structure de la feuille

 

Les feuilles  ont des formes innombrables .Leur consistance est elle aussi très variable  d'une feuille à l’autre  et même d’un moment à l’autre pour certaines feuilles.

La question à résoudre  aujourd’hui est : Quels sont  les facteurs  responsables de la consistance  des feuilles ?

( Pour colorer  j’ ai utilisé la Chrysoidine ( 5 minutes )   qui colore  la lignine    en orange plus ou moins  rouge  et la cutine en jaune  - par contre  la subérine  est colorée  en jaune orangé  de telle sorte que l’ on ne peut pas  faire la différence  entre ces deux  produits ).  La cellulose est colorée en bleu vert avec l’ Aslim 2  ( Astra bleu – Acridinrot – Acriflavine )   ( 40 secondes)

 

Pour partir dans  ce dédale  la référence de consistance   va être simplement  celle  que nous  donne notre  toucher ; les degrés seront    donc  artificiellement : mous  ,souples ,charnus ,  raides , rigides ,   , coriaces  et succulents .

Quelques  difficultés de vocabulaire entre les différents ouvrages : Parenchyme  = Mésophylle    --  Lacuneux  = Méatifére  -- Trichome = Poils  )

 

Quels sont  les facteurs  responsables de la consistance  des feuilles ?

 

 Il est d' abord  nécessaire de distinguer les feuilles des monocotylédones, des dicotylédones .

 

 

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Chez les dicotylédones  (à droite)  les nervures  (qui sont  en fait les axes vasculaires riches en lignine de la feuille)  ont  une disposition  pennée  ( ramifiée comme  le sont les plumes  )  tandis que les nervures des monocotylédones  ont une disposition  en  lignes parallèles  - de ce fait les structures de soutènement   sont  d’une  plus grande densité  et d’une plus grande efficacité  dans  le cas des monocotylédones .

Prenons  deux exemples  simples : la feuille de haricot vert (dicotylédone) et la feuille de maïs  (monocotylédone) .

 

 

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La  feuille de Mais  est une   feuille  très longue  avec une  organisation symétrique. Elle est   rigide  -  même  en période  de manque d’ eau   où elle  devient  dure et coriace  - Epaisseur : 85 µm  –La cuticule  fait 6µm – Il existe une seule couche de cellules épithéliales  –La feuille  a une architecture homogène il n’y a pas de cellules palissadiques ni de cellules  lacuneuses différentiées  (A) On parle  de Mésophylle homogéne - La feuille  présente de manière rapprochée  des axes vasculaires  ligneux  qui sont  parallèles les uns aux autres (   - Il existe de nombreuses structures secondaires  lignifiées © – La rigidité de cette feuille vient  de son armature  (  à noter que son épaisseur  est très faible par rapport à sa grande taille  ) .

 

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La feuille de Haricot   est une feuille  aplatie, asymétrique   . C’est une feuille   de consistance  souple  - Epaisseur 203µm  - La cuticule  est extrêmement fine :  1µm – Il y a  une seule couche de cellule épithéliale   et il existe une différence  nette entre les cellules palissadiques ( A )  et les cellules lacuneuses ( B )  - On parle de Mésophylle  hétérogéne ;   il est à noter la présence d ‘épaississement  en ligne qui ne sont pas des axes vasculaires  ( C ) et de poils ( trichome )  - Dans les  nervures ( photo de droite) sont placés les axes vasculaires  , ici 4  vaisseaux dans cette nervure ( D)  .

 

 

 

Les  facteurs qui  vont jouer dans l’établissement de la consistance d’une  feuille sont   :

L’organisation des axes vasculaires.

L’épaisseur des feuilles.

L’épaisseur de la cuticule.

La présence d’axes de renforcement.

L’épaisseur de la zone suberinisée .

L’importance des stratifications des couches cellulaires.

La présence d'une architecture fibreuse.

La densité en eau de la feuille  en fonction  de la présence  ou non  du soleil  ou de la saison.

Je  vous propose d’ analyser des  exemples  de chacune des catégories de feuilles    que  notre  toucher  nous a permis de classer .

Feuille  Molle   (Nénuphar et Tussilage)

 

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     Le premier  exemple  sera celui de la  feuille de  nénuphar ;  superbe quand elle repose sur  l’ eau   elle n’ a souvent aucune tenue   quand elle  est sortie de l’ eau  ( cela n’ est pas vrai pour toutes les variétés ) – Son examen macroscopique met en  évidence  un très faible maillage  du réseau des nervures - Epaisseur de la feuille 270 µm   -- Cuticule  très fine  1 µm – Epaisseur de la zone  suberinisée :  26 µm – Une seule  couche de cellules épithéliales  ( superficielle ) - Très faible développement du parenchyme palissadique ( A )  -Fort développement  du parenchyme lacuneux (    qui représente  presque la totalité de la zone  parenchymateuse  -Il existe  quelques éléments  ligneux secondaires dispersés . ©.

 

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     Le deuxième  exemple pris sera celui de la feuille de Tussilage  - plante   très commune des  zones  humides et argileuses  - La feuille  qui peut atteindre la taille de 20 cm  a  une consistance molle ( en particulier en période de manque d´eau ) – Epaisseur de la feuille 298µm – La  cuticule  est très fine  et semble soufflée  -Il ne semble pas  exister de zone suberinisée - La couche épithéliale est faite d’une seule couche de cellules  - L’ épithélium  palissadique a une seule couche de cellules  bien marquées -  Il existe de rares éléments  ligneux secondaires – A noter les  poils qui sont formés de  l’étagement de 3 cellules ( A) et la présence de chambres sous stomatiques  ( .

 

Feuille Souple  (Noisetier  - Concombre )

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Le premier exemple  sera la feuille de  noisetier  - Cette feuille  présente  une résistance  souple  au toucher   - D’emblée ce qui frappe  est la faiblesse de  son  épaisseur  110 µm  - La cuticule  est  quasi absente   - La chrysoidine  ne  s’est pas fixée  sur la couche de cellules épithéliales mais sur la paroi des cellules palissadiques  ( coloration refaite plusieurs fois avec des  protocoles différents   )  ce qui voudrait   dire que les cellules palissadiques  assurent la  rigidité de l’ ensemble  - Le parenchyme  lacuneux  est  lui très peu représenté   -  .La  tenue de la feuille  semble   donc le résultat    du  maillage  des nervures  mais aussi  curieusement de  l’imprégnation par la subérine  des cellules palissadiques (  à  recontrôler ) ……..



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Le second exemple  sera la feuille de Concombre   - Cette feuille  à la même consistance que la précédente mais son toucher  est déplaisant   : il  est   rêche. Ce fait   est lié  à la très importante quantité de trichomes (A)      . Cette feuille a  une épaisseur de 150 µm  --La cuticule est très faible   - Il n’ y a pas de couche suberinisée  -  Les parenchymes palissadiques et lacuneux sont denses -  Il y a quelques éléments ligneux secondaires   mais  surtout il  existe  d’importantes  lignes d’ épaississement  ( B )   en plus des nervures .habituelles .

 

 

Feuille  Charnue  ( Choux  , Bergenia )

 

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Le premier  exemple sera la feuille de  choux – Il s’ agit d’ une grande feuille  - de consistance  ferme  _ Cette feuille est très épaisse   : 797 µm – La distinction entre les deux parenchymes   est difficile : les cellules  de la  zone palissadique ne sont pas rectangulaires  comme il est coutume de les rencontrer  . La cuticule  atteint  25 µm   -Une  zone subérinisée   importante  existe  aussi bien sur la face  supérieure que la face inferieure  de la feuille  où elle atteint parfois 190 µm  _- il  existe  de nombreuses zone lignifiées  secondaires .  La tenue de la  feuille  est en lien avec son  épaisseur    et les dépôts de cutine  de subérine  et lignine.

 

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Le second exemple est celui du Bergenia  ( Bergenia crassifolia )- Cette plante   très  fréquente dans les  jardins où elle  fait de belle  cymes  florales  roses dès la fin de l’ hiver  - Sa feuille            est ferme  très proche de celle du choux  . Elle a pour  épaisseur   289 µm  - La cuticule  mesure 28 µm  - La couche  de cellules  superficielles  est subérinisé -  Le parenchyme palissadique est très désorganisé  mais semble avoir 2 couches . Le parenchyme  lacuneux est dense  - Quelques  éléments lignifiés secondaires sont rencontrés  -  A noter la  présence de  macles  ( regroupement de cristaux  d’  oxalate de calcium) ( A) .              

 

Feuille Raide  ( Laurier  Palme ( Prunus laurocerasus )  et Lierre grimpant )

 

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          La feuille de Laurier palme  fait partie des feuilles raides .Cet  arbuste  est  surtout utilisé  pour faire  des haies en raison de son feuillage persistant – La feuille  fait 367µm d’ épaisseur  .La cuticule  est épaisse  et peu atteindre entre 17 et 20 µm  - La couche de cellule épithéliale est subérinisée – Le parenchyme palissadique  est irrégulier  et de faible  densité  - Le parenchyme lacuneux  contient des  espaces aérifères importants    et  des éléments  lignifiés  secondaires  La feuille  est donc raide   en raison de l’ épaisseur  de la cuticule  et de son épaisseur .

 

 

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         Le lierre grimpant  (Hedera hélix)

Cette plante très commune  a  un feuillage persistant ( la durée de  vie  de la feuille  est de 6 ans ) .Il existe deux formes de feuilles  ( dimorphisme foliaire )  mais leur consistance  est la même .

L’ épaisseur de la feuille est de 249 µm  - La cuticule   atteint  19 µm  .La couche épithéliale  n’ est pas suberinisée -  Le parenchyme palissadique est formé de grandes  cellules  carrées   qui s’ étalent sur  deux couches  (A) - Le parenchyme lacuneux est dense  , formé de  cellules allongées  selon  le plan de la feuille ( B )   .Il existe d’ importants axes  lignifiés  ( C ) .                                                                                   

           

 

Feuille Rigide  (Laurier sauce  ( laurus nobilis )  et  Houx )

 

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·         La feuille  de Laurier sauce  est raide    - Epaisseur   261 µm  - La cutine atteint  6 µm   - La couche de cellules  superficielles  est imprégnée  subérine mesure  29 µm . Les  parenchymes  palissadiques et lacuneux  sont sans  particularité   - Par contre  il y a  un grand  nombre de formations  lignifiées secondaires  qui s’étendent de part en part de l’épaisseur  de la feuille . 261- Cette feuille apparaît comme  renforcée   de part en part de son épaisseur  par des colonnes ( A )

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La feuille de Houx   est aussi une  feuille raide – Elle   a  un épaisseur de 510 µm  ce qui  la range parmi les feuilles épaisses  - La cuticule   atteint 16 µm  - les cellules épithéliales sont sur   2 rangs.  Le parenchyme palissadique  est fait de 3 couches cellulaires  - Le parenchyme lacuneux  est parcouru par de nombreuses  poches aériques  - Il existe des éléments lignifiés  secondaires  en faibles quantités.

Feuille Coriace  ( Yuka   et Palmier  )

           Ces deux plantes  sont des  monocotylédones

 

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Cette feuille  peut être  qualifiée de  coriace –Elle est dure et franchement  rigide- Son épaisseur  est de 207 µm – La cuticule   est de 11,9 µm  - La couche épithéliale  est faite  de  2 cellules  - Le mésophylle ( parenchyme )    est celui des monocotylédones  c’est-à-dire  non différencié –Mais ce qui est remarquable  , est l’ importance  et la régularité architecturale des axes lignifiés  - avec  de part et d’ autres  de la stèle centrale ( la zone conductrice centrale) des  fibres   très chargées de lignine et disposées en faisceaux .

 

 

 

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La feuille de Palmier  est très longue   dure     mais  souple. Son épaisseur est de 335 µm  - La couche  de cellules  superficielles  est  imprégnée d’une très faible couche de  cutine  - L’ architecture est  celle d’une monocotylédone   -  Mais  ce qu’ il y a de remarquable est la quantité de tissus  enduits de subérine et de lignine    qui   représente la majorité du  tissu parenchymateux  - A noter aussi l’ importance en  fibres  lignifiées des axes vasculaires .

 

Avant de clore cet  article sur les feuilles  il est nécessaire de regarder la feuille des plantes dites  grasses.

Feuille succulente

Pour exemple  nous prendrons le Sedum très  fréquent dans les jardins  ( Sedum telephium  spectabile )  - Sa feuille  est qualifiée de succulente . Il s’agit d’une feuille  épaisse  ( 797 µm )  qui réserve  une surprise à la préparation histologique  . La coupe a   un épaisseur  autour  de  90   µm ( A )  -du fait de la déshydratation le parenchyme lacuneux  qui représente la totalité du parenchyme  s’ est collabé  obligeant les cellules épithéliales  à s’ effondrer vers l’ intérieur de la préparation  . Il existe  quelques éléments secondaires   subérinisés   mais en très  faible quantité. Cette feuille  n’’est donc  rigide que  par sa richesse interne en eau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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Conclusion

Le monde  des feuilles   est donc  un monde  très diversifié et très peu présenté dans les forums  .Il  est pourtant  d’une  grande  richesse  histologique   - La présentation de  ce jour n’aborde   qu’une  toute  petite zone  sur  ce très vaste sujet . 

                                                                                                                                                                                            Dominique

 

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Bonsoir Solito de Solis

 

                               Merci pour votre appréciation .

 

                               Le  dessin de droite  représente   la fixation de la feuille de blé sur sa tige donc monocotylédone .

 

 

   Bien cordialement

                                        Dominique

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Bonjour Dominique,

 

Encore un sujet original et bien documenté, bravo!

Il m' inspire la réflexion suivante: derrière la diversité macroscopique des feuilles il y a des schémas d' organisation assez restreints et des "matériaux de construction" communs. La nature aime bien "bricolée" autour de plans éprouvés.

 

Cordialement,

JL

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