Dominique. Posté(e) le 31 août 2016 Signaler Partager Posté(e) le 31 août 2016 La structure de la feuille Les feuilles ont des formes innombrables .Leur consistance est elle aussi très variable d'une feuille à l’autre et même d’un moment à l’autre pour certaines feuilles.La question à résoudre aujourd’hui est : Quels sont les facteurs responsables de la consistance des feuilles ?( Pour colorer j’ ai utilisé la Chrysoidine ( 5 minutes ) qui colore la lignine en orange plus ou moins rouge et la cutine en jaune - par contre la subérine est colorée en jaune orangé de telle sorte que l’ on ne peut pas faire la différence entre ces deux produits ). La cellulose est colorée en bleu vert avec l’ Aslim 2 ( Astra bleu – Acridinrot – Acriflavine ) ( 40 secondes) Pour partir dans ce dédale la référence de consistance va être simplement celle que nous donne notre toucher ; les degrés seront donc artificiellement : mous ,souples ,charnus , raides , rigides , , coriaces et succulents .Quelques difficultés de vocabulaire entre les différents ouvrages : Parenchyme = Mésophylle -- Lacuneux = Méatifére -- Trichome = Poils ) Quels sont les facteurs responsables de la consistance des feuilles ? Il est d' abord nécessaire de distinguer les feuilles des monocotylédones, des dicotylédones . Chez les dicotylédones (à droite) les nervures (qui sont en fait les axes vasculaires riches en lignine de la feuille) ont une disposition pennée ( ramifiée comme le sont les plumes ) tandis que les nervures des monocotylédones ont une disposition en lignes parallèles - de ce fait les structures de soutènement sont d’une plus grande densité et d’une plus grande efficacité dans le cas des monocotylédones .Prenons deux exemples simples : la feuille de haricot vert (dicotylédone) et la feuille de maïs (monocotylédone) . La feuille de Mais est une feuille très longue avec une organisation symétrique. Elle est rigide - même en période de manque d’ eau où elle devient dure et coriace - Epaisseur : 85 µm –La cuticule fait 6µm – Il existe une seule couche de cellules épithéliales –La feuille a une architecture homogène il n’y a pas de cellules palissadiques ni de cellules lacuneuses différentiées (A) On parle de Mésophylle homogéne - La feuille présente de manière rapprochée des axes vasculaires ligneux qui sont parallèles les uns aux autres ( - Il existe de nombreuses structures secondaires lignifiées © – La rigidité de cette feuille vient de son armature ( à noter que son épaisseur est très faible par rapport à sa grande taille ) . La feuille de Haricot est une feuille aplatie, asymétrique . C’est une feuille de consistance souple - Epaisseur 203µm - La cuticule est extrêmement fine : 1µm – Il y a une seule couche de cellule épithéliale et il existe une différence nette entre les cellules palissadiques ( A ) et les cellules lacuneuses ( B ) - On parle de Mésophylle hétérogéne ; il est à noter la présence d ‘épaississement en ligne qui ne sont pas des axes vasculaires ( C ) et de poils ( trichome ) - Dans les nervures ( photo de droite) sont placés les axes vasculaires , ici 4 vaisseaux dans cette nervure ( D) . Les facteurs qui vont jouer dans l’établissement de la consistance d’une feuille sont :L’organisation des axes vasculaires.L’épaisseur des feuilles.L’épaisseur de la cuticule.La présence d’axes de renforcement.L’épaisseur de la zone suberinisée .L’importance des stratifications des couches cellulaires. La présence d'une architecture fibreuse.La densité en eau de la feuille en fonction de la présence ou non du soleil ou de la saison.Je vous propose d’ analyser des exemples de chacune des catégories de feuilles que notre toucher nous a permis de classer .Feuille Molle (Nénuphar et Tussilage) ] Le premier exemple sera celui de la feuille de nénuphar ; superbe quand elle repose sur l’ eau elle n’ a souvent aucune tenue quand elle est sortie de l’ eau ( cela n’ est pas vrai pour toutes les variétés ) – Son examen macroscopique met en évidence un très faible maillage du réseau des nervures - Epaisseur de la feuille 270 µm -- Cuticule très fine 1 µm – Epaisseur de la zone suberinisée : 26 µm – Une seule couche de cellules épithéliales ( superficielle ) - Très faible développement du parenchyme palissadique ( A ) -Fort développement du parenchyme lacuneux ( qui représente presque la totalité de la zone parenchymateuse -Il existe quelques éléments ligneux secondaires dispersés . ©. Le deuxième exemple pris sera celui de la feuille de Tussilage - plante très commune des zones humides et argileuses - La feuille qui peut atteindre la taille de 20 cm a une consistance molle ( en particulier en période de manque d´eau ) – Epaisseur de la feuille 298µm – La cuticule est très fine et semble soufflée -Il ne semble pas exister de zone suberinisée - La couche épithéliale est faite d’une seule couche de cellules - L’ épithélium palissadique a une seule couche de cellules bien marquées - Il existe de rares éléments ligneux secondaires – A noter les poils qui sont formés de l’étagement de 3 cellules ( A) et la présence de chambres sous stomatiques ( . Feuille Souple (Noisetier - Concombre ) Le premier exemple sera la feuille de noisetier - Cette feuille présente une résistance souple au toucher - D’emblée ce qui frappe est la faiblesse de son épaisseur 110 µm - La cuticule est quasi absente - La chrysoidine ne s’est pas fixée sur la couche de cellules épithéliales mais sur la paroi des cellules palissadiques ( coloration refaite plusieurs fois avec des protocoles différents ) ce qui voudrait dire que les cellules palissadiques assurent la rigidité de l’ ensemble - Le parenchyme lacuneux est lui très peu représenté - .La tenue de la feuille semble donc le résultat du maillage des nervures mais aussi curieusement de l’imprégnation par la subérine des cellules palissadiques ( à recontrôler ) …….. Le second exemple sera la feuille de Concombre - Cette feuille à la même consistance que la précédente mais son toucher est déplaisant : il est rêche. Ce fait est lié à la très importante quantité de trichomes (A) . Cette feuille a une épaisseur de 150 µm --La cuticule est très faible - Il n’ y a pas de couche suberinisée - Les parenchymes palissadiques et lacuneux sont denses - Il y a quelques éléments ligneux secondaires mais surtout il existe d’importantes lignes d’ épaississement ( B ) en plus des nervures .habituelles . Feuille Charnue ( Choux , Bergenia ) Le premier exemple sera la feuille de choux – Il s’ agit d’ une grande feuille - de consistance ferme _ Cette feuille est très épaisse : 797 µm – La distinction entre les deux parenchymes est difficile : les cellules de la zone palissadique ne sont pas rectangulaires comme il est coutume de les rencontrer . La cuticule atteint 25 µm -Une zone subérinisée importante existe aussi bien sur la face supérieure que la face inferieure de la feuille où elle atteint parfois 190 µm _- il existe de nombreuses zone lignifiées secondaires . La tenue de la feuille est en lien avec son épaisseur et les dépôts de cutine de subérine et lignine. [ Le second exemple est celui du Bergenia ( Bergenia crassifolia )- Cette plante très fréquente dans les jardins où elle fait de belle cymes florales roses dès la fin de l’ hiver - Sa feuille est ferme très proche de celle du choux . Elle a pour épaisseur 289 µm - La cuticule mesure 28 µm - La couche de cellules superficielles est subérinisé - Le parenchyme palissadique est très désorganisé mais semble avoir 2 couches . Le parenchyme lacuneux est dense - Quelques éléments lignifiés secondaires sont rencontrés - A noter la présence de macles ( regroupement de cristaux d’ oxalate de calcium) ( A) . Feuille Raide ( Laurier Palme ( Prunus laurocerasus ) et Lierre grimpant ) La feuille de Laurier palme fait partie des feuilles raides .Cet arbuste est surtout utilisé pour faire des haies en raison de son feuillage persistant – La feuille fait 367µm d’ épaisseur .La cuticule est épaisse et peu atteindre entre 17 et 20 µm - La couche de cellule épithéliale est subérinisée – Le parenchyme palissadique est irrégulier et de faible densité - Le parenchyme lacuneux contient des espaces aérifères importants et des éléments lignifiés secondaires La feuille est donc raide en raison de l’ épaisseur de la cuticule et de son épaisseur . Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 31 août 2016 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 31 août 2016 Le lierre grimpant (Hedera hélix) Cette plante très commune a un feuillage persistant ( la durée de vie de la feuille est de 6 ans ) .Il existe deux formes de feuilles ( dimorphisme foliaire ) mais leur consistance est la même .L’ épaisseur de la feuille est de 249 µm - La cuticule atteint 19 µm .La couche épithéliale n’ est pas suberinisée - Le parenchyme palissadique est formé de grandes cellules carrées qui s’ étalent sur deux couches (A) - Le parenchyme lacuneux est dense , formé de cellules allongées selon le plan de la feuille ( B ) .Il existe d’ importants axes lignifiés ( C ) . Feuille Rigide (Laurier sauce ( laurus nobilis ) et Houx ) · La feuille de Laurier sauce est raide - Epaisseur 261 µm - La cutine atteint 6 µm - La couche de cellules superficielles est imprégnée subérine mesure 29 µm . Les parenchymes palissadiques et lacuneux sont sans particularité - Par contre il y a un grand nombre de formations lignifiées secondaires qui s’étendent de part en part de l’épaisseur de la feuille . 261- Cette feuille apparaît comme renforcée de part en part de son épaisseur par des colonnes ( A ) La feuille de Houx est aussi une feuille raide – Elle a un épaisseur de 510 µm ce qui la range parmi les feuilles épaisses - La cuticule atteint 16 µm - les cellules épithéliales sont sur 2 rangs. Le parenchyme palissadique est fait de 3 couches cellulaires - Le parenchyme lacuneux est parcouru par de nombreuses poches aériques - Il existe des éléments lignifiés secondaires en faibles quantités.Feuille Coriace ( Yuka et Palmier ) Ces deux plantes sont des monocotylédones Cette feuille peut être qualifiée de coriace –Elle est dure et franchement rigide- Son épaisseur est de 207 µm – La cuticule est de 11,9 µm - La couche épithéliale est faite de 2 cellules - Le mésophylle ( parenchyme ) est celui des monocotylédones c’est-à-dire non différencié –Mais ce qui est remarquable , est l’ importance et la régularité architecturale des axes lignifiés - avec de part et d’ autres de la stèle centrale ( la zone conductrice centrale) des fibres très chargées de lignine et disposées en faisceaux . La feuille de Palmier est très longue dure mais souple. Son épaisseur est de 335 µm - La couche de cellules superficielles est imprégnée d’une très faible couche de cutine - L’ architecture est celle d’une monocotylédone - Mais ce qu’ il y a de remarquable est la quantité de tissus enduits de subérine et de lignine qui représente la majorité du tissu parenchymateux - A noter aussi l’ importance en fibres lignifiées des axes vasculaires . Avant de clore cet article sur les feuilles il est nécessaire de regarder la feuille des plantes dites grasses. Feuille succulentePour exemple nous prendrons le Sedum très fréquent dans les jardins ( Sedum telephium spectabile ) - Sa feuille est qualifiée de succulente . Il s’agit d’une feuille épaisse ( 797 µm ) qui réserve une surprise à la préparation histologique . La coupe a un épaisseur autour de 90 µm ( A ) -du fait de la déshydratation le parenchyme lacuneux qui représente la totalité du parenchyme s’ est collabé obligeant les cellules épithéliales à s’ effondrer vers l’ intérieur de la préparation . Il existe quelques éléments secondaires subérinisés mais en très faible quantité. Cette feuille n’’est donc rigide que par sa richesse interne en eau. Conclusion Le monde des feuilles est donc un monde très diversifié et très peu présenté dans les forums .Il est pourtant d’une grande richesse histologique - La présentation de ce jour n’aborde qu’une toute petite zone sur ce très vaste sujet . Dominique Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
solito de solis Posté(e) le 1 septembre 2016 Signaler Partager Posté(e) le 1 septembre 2016 bravo, très instructif, merci, il y aurait encore bien des zones à approcher de ce très vaste sujet'la feuille de dicotylédone' est à droite ou à gauche ?SDS Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 1 septembre 2016 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 1 septembre 2016 Bonsoir Solito de Solis Merci pour votre appréciation . Le dessin de droite représente la fixation de la feuille de blé sur sa tige donc monocotylédone . Bien cordialement Dominique Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
solito de solis Posté(e) le 2 septembre 2016 Signaler Partager Posté(e) le 2 septembre 2016 Bonjour Dominique, bien sûr et merci pour la réponsemaisvous écriviez Chez les dicotylédones (à droite) les nervures voilà la raison de ma questioncordialementSDS Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jean-Luc Bethmont (Picroformol) Posté(e) le 6 septembre 2016 Signaler Partager Posté(e) le 6 septembre 2016 Bonjour Dominique, Encore un sujet original et bien documenté, bravo!Il m' inspire la réflexion suivante: derrière la diversité macroscopique des feuilles il y a des schémas d' organisation assez restreints et des "matériaux de construction" communs. La nature aime bien "bricolée" autour de plans éprouvés. Cordialement,JL Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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