Dominique. Posté(e) le 27 janvier 2014 Signaler Partager Posté(e) le 27 janvier 2014 (modifié) Os de seiche - Structure Il y a 2 mois à Grandcamp-maisy , situé sur la cote normande , il y avait un grand nombre d’ os de seiche qui jonchaient la plage (l’explication donnée serait que tous les individus de 2 ans meurent à la même période, )Quand on prend un os de seiche la première chose qui frappe est sa légèreté .Le poids des os de seiche peut varier. Les grandes peuvent faire 100 gr mais la plupart ont des poids moyen s entre 40 - 60 gr. La deuxième chose qui frappe est la structure de cet os . -Très friable il semble fait dun empilement de strates de même nature .L ‘ altération des couches superficielles permet de distinguer les couches plus profondes ; toutes ont le même aspect Une coupe donne l’image suivante On dénombre 27 couches de couleurs similaires exception faite des deux couches superficielles et de la couche 14L’examen au grossissement 40L’image est celle de la coupe d’un mille feuilles.Des piliers de taille identique ( 548 µm ) reposent sur des plaques de séparation extrêmement fines (25 µm ).L’extrême fragilité des structures occasionne des dégâts superficiels lors de la coupe.Pour essayer de comprendre comment étaient reparti ces piliers sur la plaque j’ai fait une coupe après avoir placé des échantillons d’os de seiche dans un bain de paraffine à 36 ° pendant 3 joursLa coupe au microtome perpendiculaire à la direction des piliers , a donné l’image A ( la structure des piliers est restée - lumière polarisée sur une - préparation non déparaffinée) Le schéma évoque un aspect dispersé des structures mais avec un plan d orientation les piliers sont dans des plans parallèles .L’image B qui est l image du moule des piliers dans la paraffine montre une constitution ondulée des plaques ( la structure des piliers n’ ayant pas résisté au passage de la lame du microtome il reste juste la forme du moule) En microscopie optique on peut conclure que les piliers sont des plaques de structure ondulée d épaisseurs variables (moyenne14µm) reparties de manière inhomogènes mais orientées selon des lignes plus ou moins parallèles . Modifié le 27 janvier 2014 par doc27330 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 27 janvier 2014 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 27 janvier 2014 Sur le Net une image 3D obtenue par une autre technique ( MEB ) confirme le fait pressenti ci-avant ( ref 1 ) Comment les piliers sont ils fixés sur les plaques ? La plaque de support apparaît divisée en deux zones très différentes ( X 400 ) La plaque de support est donc composée de deux structures - la couche supérieure semble alvéolée 1- la couche inférieure semble feutrée 2L’ espace entre les deux parties 3 de la plaque pourrait correspondre à une courte période de repos dans l’ élaboration de cette architecture Sur le bombement s’édifie le pilier proprement dit La couche superficielle parfois se bombe là où le pilier va se dresser photo 1 ( ou non photo 2). Sur la surface du pilier il est possible de découvrir des traits de croissance plus sombres (la synthèse est donc rythmique) . Un peu de science naturelle . Position de l 'os de seiche dans le corps :La position de l’ os de seiche est donc supérieur – Elle est un élément de la flottabilité - Cette structure est remplie d’Azote (Ref 3). Le mouvement vertical dans l’ eau des seiches est assuré par la cavité palléale située à la partie inférieure qui va plus ou moins se remplir d ‘eau et alourdir ou alléger l’ animal . Nature chimique de l’os de seiche: L’os de seiche est fait d’aragonite L’aragonite est une espèce minérale de la famille des carbonates de formule CaCO3 avec des traces : Sr; Pb; Zn. [4] b ( . Ref 2 ). Cette molécule se transforme lentement en calcite .L ‘aragonite constitue aussi la nacre et les perles d'huîtres, moules ou autres coquillages, et une partie du squelette de la plupart des coraux durs et les récifs coralliens.Les coquillages sont donc formés pour moitié de calcite et pour l'autre moitié d'aragonite, certains coquillages comprenant les deux formes, comme l'ormeau. L ‘aragonite étant soluble en milieu acide il est prévu que l’ acidification progressive des océans aura dans le futur des répercutions sur la viabilité des coquillages à coquille externe. La question qui se pose est comment cette structure peut se développer ?Je n ai pas trouvé de texte sur le sujet ( si l’ un de vous en trouve ce serait une aubaine ) Il est cependant possible de suspecter la présence d’une membrane de type périoste où les ostéoblastes auraient une activité rythmique de construction avec 3 phases de synthèse .1 la partie inférieur de la plaque .2 la synthèse de la partie supérieur de la plaque puis arrêt d un grand nombre de cellules sauf celles qui seront à l’ origine des piliers. 3 la synthés des piliers - puis reprise d’un nouveau cycle etc. Classification: Animalia. Mollusca. Cephalopoda. Coleoidea. Decabrachia. Sepiida References Ref 1 Cuttlefish bone MEB image ( nombreuses photos ) Ref 2 http://fr.wikipedia.org/wiki/AragoniteRef 3 http://www.universalis.fr/encyclopedie/cephalopodes/2-coquille/ Pour le plaisir et pour en savoir plus : http://www.dailymotion.com/video/x5ietn_la-seiche-documentaire-1-3_animals Dominique Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jmaffert Posté(e) le 28 janvier 2014 Signaler Partager Posté(e) le 28 janvier 2014 Merci Intéressant et avec de belles photos. Amicalement Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pujante Posté(e) le 28 janvier 2014 Signaler Partager Posté(e) le 28 janvier 2014 (modifié) Très intéressant.Merci pour les explications Modifié le 28 janvier 2014 par pujante Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
vasselle Posté(e) le 28 janvier 2014 Signaler Partager Posté(e) le 28 janvier 2014 super intéressant et très bien expliqué Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 28 janvier 2014 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 28 janvier 2014 Bonsoir et merci pour vos appréciations Solito de solis m’ a fait parvenir un texte en anglais dont je vous soumets la traduction résumée sur le sujet qui nous intéresse en ce moment : La coquille des mollusques est fabriquée - réparée et entretenue par une structure anatomique : le manteau.La fabrication de ce manteau n’est pas constante mais reste fonction des conditions externes surtout alimentaires - De ce fait la reprise de sa fonction sera marquée par une ligne de croissance ( on a vu ces lignes sur les piliers de l’ observation ) .Le manteau synthétise deux substances :-substance organique principalement faite de polysaccharides et de glycoprotéines. qui forme le squelette primaire . La quantité de chitine fabriquée est très variable suivant les espèces et peut aussi ne pas exister ( monoplacophora ) -substance minérale :les cristaux de carbonate de calcium ( jamais de phosphate ) seront placés en fonction du squelette organique .Cette substance organique impose le lieu ,le départ et l’ arrêt de la formation du cristal ( positionnement -élongation – mais aussi son polymorphisme ) - La fabrication de la coquille nécessite toute une machinerie biologiqueLa coquille se développe dans un petit compartiment : l’espace extrapallial .Cet espace est celé au tissus avoisinant par une membrane coriace le periostracum . Elle se situe autour du bord de la coquille qui est le lieu de la croissance . .Elle coiffe aussi la partie externe de l’ espace extrapallial qui est limité par ailleurs par la zone construit de la coquille et par le manteau . Ce periostracum agit comme un cadre sur lequel les couches externes de carbonate peuvent être suspendues. Ce cadre étant celé cela autorise l ‘accumulation des ions en concentration suffisante dans cette zone fermée pour enclencher la cristallisation .Il existe une pompe à ions située dans « calcifying épithélium « le tissu de calcification" ..Les ions calcium sont pompés dans le milieu environnant - par l’ intermédiaire des branchies de l’ intestin et de l’ épithélium Ils sont transportés par l’haemolymph et stockés dans les espaces inter cellulaires dans l’ attente de leur utilisation . La matrice organique qui constitue l’échafaudage directeur de la cristallisation de la déposition et de la densité des cristaux est sous contrôle hormonal . La formation de la coquille nécessite un grand nombre de gènes et de facteurs de transcription .Par exemple le gène DPP contrôle la forme de la coquilleLe geneHox1 et Hox 4 contrôle la minéralisation La zone de formation de la coquille se différencie très tôt dans la vie embryonnaire . Une zone de l’ectoderme s ‘épaissit , s invagine et devient une « shell gland ».L’ invagination se fera vers l extérieur ( s ‘évagine ) si la coquille est externe ou s’invagine si elle est interne ( et devient le periostracum) .Un grand nombre d’enzymes est nécessaire comme l' anhydrase carbonique , la phosphatase alcaline , la dopa oxyde etc. La forme de la coquille subit la contrainte du développement de l’organisme. Chez les mollusques dont l’ écologie change entre l’ état larvaire et l’état adulte la morphologie de la coquille subira de profondes modifications au cours des métamorphoses .La structure minérale de la larve peut être totalement différente de celle de l’adulte : par exemple la larve utilisera la calcite amorphe tandis que l’adulte utilisera l’aragonite . Par contre chez les mollusque qui ont une croissance homogène , la croissance de la coquille se fait de manière régulière tout au long du temps de vie du mollusque par addition de carbonate de calcium sur le bord directeur ou sur le bord libre . - La coquille grandit de manière régulière plus longue et plus large pour loger au mieux le développement de l’ animal à l’ intérieur .Cette coquille devient plus épaisse en se développant de façon à garder la proportion entre résistance et taille . Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Admin Tryphon T Posté(e) le 29 janvier 2014 Admin Signaler Partager Posté(e) le 29 janvier 2014 Bonjour Doc et tous, Bravo pour ce nouvel article où l'on apprend plein de choses. Mais je ne peux pas m'empêcher de mettre mon petit grain de sel (ou plutôt de calcium :) ) et ceci uniquement dans le but d'enrichir le débat ,bien sûr. Les kangourous n'ont pas d'arrêtes ... et les seiches n'ont pas d'os. Je voudrais dire qu'il y a une différence fondamentale entre ce que l'on appelle communément un os de seiche (en fait un sépion de seiche ou parfois sépiostaire) et un os de vertébré. Je n'étais pas là quand les poissons ont commencé à quitter les océans pour conquérir la terre ferme, mais il a fallu qu'ils apprennent à stocker le calcium dans leurs os pour pouvoir l'utiliser sur la terre ferme en dehors des apports alimentaires. En effet, la cellule a besoin (entre autre) de calcium pour fonctionner et les premiers animaux le puisaient directement dans les océans.Un os , de vertébré, donc, a une double fonction, une fonction mécanique de soutien de l'organisme et de locomotion, et une fonction biologique de stockage (entre autre) de calcium. Les os abritent en outre des tissus hématopoïétiques. Tout comme pour la fonction respiratoire des ostracodes vue dans un précédent article, il serait intéressant d'approfondir le rôle et la physiologie d'organes comme l'os, au cours de l'évolution phylogénique animale Dans cette optique, est-ce que l' "os de seiche" se rapproche davantage d'une coquille de mollusque que d'un os de vertébrés.Comment c'est fait le passage au niveau du rôle et de la physiologie de l'os entre les poissons cartilagineux et les poissons osseux? Là je sèche ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Sébastien Klein Posté(e) le 30 janvier 2014 Signaler Partager Posté(e) le 30 janvier 2014 Bonjour Dominique et tous, Merci pour cet excellent exposé, encore une fois j'ai appris pleins de choses. AdmirativementSeb Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jean-Luc Bethmont (Picroformol) Posté(e) le 31 janvier 2014 Signaler Partager Posté(e) le 31 janvier 2014 Bonjour, En complément du sujet de Doc voici donc quelques images de l' os de seiche: La première est un mordeau d' os (un peu écrasé) on voit les piliers pêle mêle La seconde est une coupe transversale que j' ai obtenu en collant un morceau d' os sur une lame puis je l' ai aminci avec du papier de verre, il y a beaucoup de piliers qui sont détruits mais on voit bien la structure mille feuille, chaque strate fait environ 620 µm La troisième montre la structure des piliers ou l' on distingue des empilements comme des stalactites ( obj x 10) Enfin la dernière est une vue de dessus ou bien de dessous des piliers (obj x 10) Je suis toujours fasciné par les formes rencontrées dans le vivant ( petit clin d' oeil à d' Arcy Thompson: http://fr.wikipedia.org/wiki/D'Arcy_Wentworth_Thompson_(1860-1948) Cordialement, JL B Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 31 janvier 2014 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 31 janvier 2014 Bonsoir Jean-Luc Tes images sont superbes .L ‘image de la plaque avec le dessin des piliers est vraiment remarquable. Amicalement Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 31 janvier 2014 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 31 janvier 2014 Re bonsoir Jean – Luc Ta photo montre que pour voir la découpe des piliers il faut gratter la plaque - ce que je n’ai pas fait. (J ‘ avais pensé que la coupe au microtome donnerait de meilleurs résultats , erreur de ma part) Donc ce soir j’ai gratté sous bino la plaque .Par transparence il est possible de voir les piliers de dessus et ceux de dessous .On constate alors :- 1 - la partie basse du pilier est lourde et épaisse Et par transparence sur l’ autre côté de la plaque - 2- la partie haute du pilier est fine La finesse des piliers de ta photo sont en faveur de la représentation de la partie haute des piliers . Amicalement Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pablito Posté(e) le 7 août 2014 Signaler Partager Posté(e) le 7 août 2014 je remets en avant ce post daté de six mois pour inciter les membres du forum qui se rendent en Bretagne (ou à la mer) à ramasser un os de seiche et à en observer la structure.on pourrait même en faire un TP, car l'observation est aisée et TRES GRATIFIANTE. Voilà notre contribution, qui n'ajoute rien à la connaissance, mais témoigne de notre joie d'avoir pu découvrir cette structure, étonnante. Merci beaucoup à Dominique et Jean Luc, pour nous avoir incité à cette manip. Pablito et Pierre Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jean-Luc Bethmont (Picroformol) Posté(e) le 7 août 2014 Signaler Partager Posté(e) le 7 août 2014 Bonsoir Pierre et "Petit Pierre", Effectivement c' est encourageant de pouvoir faire de belles observations. La première photo met bien en évidence la structure des piliers (j' ai lu que le sépion pouvait supporter une pression de 25 bars).Cordialement,JL Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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