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Gui Viscum album


Dominique.

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                                                                         Le Gui

                                                                                           ( Viscum album )

 

Il est fréquent lors d’une promenade en campagne  de tomber sur de grands arbres  porteurs de  nombreuses  touffes de  gui  .Le peuplier  est l’ arbre le plus  sensible  au gui ;il n’ oppose aucune résistance à son installation . (L’espèce de gui  la plus souvent rencontrée en Normandie est le gui des feuillus. Il  y a aussi  le  gui du pin  et le gui du sapin qui sont des espèces différentes).

A noter que l’on ne trouve  jamais  de gui sur le Hêtre – le Chêne  - le Charme –l’Orme  entre  autres .Ces arbres savent résister à son  installation.

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Je vous propose de suivre la vie d’un plant de  gui.

 

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La fixation du gui sur l’arbre déclenche   une défense de l’ arbre  contre l’  intrus

Macroscopiquement  cela  est bien  visible  puisqu’ à chaque zone de fixation il y a  un développement dans l’ épaisseur  de la branche  de l’ arbre envahi ( A )  - L’ arbre aussi  s’oppose  plus ou moins efficacement à l’installation  du gui  par des processus  chimiques .

En  (B ) noter dés à présent l’ apparition  de pieds   secondaires  à quelques  centimètres du  pied  primaire .

La fleur  est  déjà formée  en ce mois de Mars  ( on  en compte 1400  sur un pied ) - Elle s’ épanouira en mai (cette année les fleurs femelles sont déjà ouvertes ) .Chaque boule  est porteuse   soit de fleurs mâles  soit de fleur femelles - Fleurs  mâles  et fleurs  femelles sont différentes et sont disposées  3 par 3  ou 2 par 2 .

 

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A – Sillon d’abscision à la base de la feuille.

B --Fleur femelle.

C – Bourgeon de la future feuille.

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La fleur mâle est constitué de 4 tépales .( sépales et pétales sont confondues)

 En mars  les  boules    matures  sont toujours présentes - Pour obtenir une capacité de germination correcte  la graine (boule) de  gui doit  avoir subi le gel.( Vernalisation ) .

La boule de gui :

La  boule de  gui  est limitée  par une  paroi résistante   et épaisse.

 

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Ouverture de la boule

A--graine  entourée  d’une  gangue  gélatineuse   très  visqueuse. Elle   se détache de la coque externe  sans difficulté.

B-- coque externe, épaisse  et résistante,  de la  boule.

 

.L ‘ ouverture de la  boule    laisse s’écouler une substance gluante, très collante, visqueuse  .La Viscine . Ce produit  a  été utilisé  autrefois pour  fabriquer  la Glue

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La glue adhère surtout à la graine  et  faiblement  à la paroi externe.

La graine :

 

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Modifié par Dominique.
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Une coupe  de la  graine  met en évidence   2 cotylédons   et  un embryon  - Le lugol  révèle  que les cotylédons   ont surtout de l’ amidon  comme substance de réserve .

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A  - Cotylédon.

B -  Embryon.

C  - Test au lugol  qui met en évidence les amyloplastes contenant les grains d’amidon.

 

Quelques  oiseaux sont friands des  boules  de gui qui leur  fournissent  une  bonne  nourriture d’ hiver : La fauvette à béret  aime surtout  l’enveloppe  laissant  la graine  collée  sur la branche _La grive draine  qui avale  la  boule   en entier   permet à la  graine de voyager  ( les sucs  gastriques  de la grive ne digèrent  par la graine de gui  qui  ,de ce fait ,se retrouve  dans la  fiente ). Cette  fiente  riche en viscine  va éventuellement   se  coller  à une branche  d’un arbre  sensible ( il y en a 120 espèces )  Les  graines  contenues  une fois fixées  par la colle  vont  alors  s’installer sur l’ arbre . Il est à noter que le gui n’est pas  influencé par le géotropisme  et de ce fait  peut pousser en horizontale  et même la tête en  bas. (ce qui a pour résultat  la forme en boule  du  gui) . La mésange   est aussi très friande de boules de gui  mais elle  a  le désavantage de tout  digérer ( enveloppe et graine)-La  mésange  a  de ce fait une action limitant  la prolifération du gui.

A partir de 10° de température la  graine se met à germer

L’extrémité de l’embryon   s’allonge   puis s’incline vers la  branch,. où  grâce à la viscine cette extrémité se colle.

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Il faut environ  4 mois   pour  passer du stade 1 au stade 4   et 1 an  pour que les premières feuilles  apparaissent.

La pénétration de l’écorce   (dès le stade 2) .

- Les réserves contenues dans la  graine   autorisent  la perforation de  2 à  3 mm seulement   -L’  épaisseur de l’écorce est donc un  facteur limitant  pour le gui.

Les suçoirs  vont lentement  se développer.

Aspect des  suçoirs :

Aspect macroscopique :

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Aspect microscopique :

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Les traits  rouges indiquent les  zones de pénétration des  cellules   du gui  dans les vaisseaux  de l’arbre parasité.

Les vaisseaux   sont  lentement  entourés  - comprimés  et pénétrés :

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Le but   des suçoirs est  de prélever la sève  élaborée qui circule dans le phloème  du liber juste sous l’ écorce –Le gui doit alors faire face à un problème : d’année en année  le  phloème  laisse la place au  Xylème où circule la sève brute   (  qui forme  le  bois )   .Pour rester  en contact avec le  liber les suçoirs doivent croitre à la même vitesse que celui-ci – et évidemment de  manière centrifuge  -  Donc le gui ne pénètre initialement  le bois que de 2 mn    .Avec les années  les suçoirs  semblent  très  longs   - mais ils  se sont fabriqués du fond vers la surface  à la vitesse  de la croissance de l’ arbre – Ce qui est remarquable est que  les arbres  n’ont pas la même  vitesse de croissance  , le gui doit donc’ adapter la vitesse de croissance de ses suçoirs à  son hôte.

Le développement  du gui  est extrêmement lent.( En 30 ans le gui forme  une boule de 80 cm  à 1 mètre – durée de vie 30 à 40 ans )

Coupe de la branche  primaire d’un pied de gui :

 

La branche   ci- dessous  montre  les  cernes de croissances  du gui  -  On en compte 16  -  Donc  en 16 ans  de vie le gui a développé  son tronc sur seulement 4 cm de  diamètre 

 

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L’étude de son bois :

 

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Cette coupe montre que le  bois est hétéroxylé.

La coupe  transversale est marquée par  la présence de fibres vasculaires ( trachéides)  dont les pores sont d’une taille  identique ( il y circule la sève prélevée sur l’ arbre qui  va vers les feuilles du gui )   et de fibres s’étalant en  rayon du centre  vers la périphérie , riche en lignine ( d’où la couleur dominante  rouge du colorant ) dont le but est le soutien .Le fait frappant est qu’il n’ est pas possible de mettre en évidence les cernes de croissance marquant la différence de développement entre l’ hiver et  l’ été.


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La coupe  selon le plan radial met bien en évidence.

1 les trachéides  vasculaires.

2 les cellules  du sclérenchyme allongées qui forment les fibres de soutien fortement lignifiées.

3 la section des cellules  qui  constituent les  rayons.

 

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On retrouve  la même organisation

A -section des cellules  parenchymateuses  d’un rayon.

B –fibres du sclérenchyme   fortement  lignifiées qui forment  le  parenchyme de soutien.

C- trachéides vasculaires .avec leur renforcement  scalariforme

Le gui   développe  aussi  sous l’écorce des  cordons  corticaux.

De ces cordons  vont  partir de petits suçoirs secondaires  - Ces cordons  vont être à l’origine de  l’ apparition  à distance  sur la  branche de l’arbre de nouvelles pousses de gui ( donc  même  si on coupe le pied initial  - le  gui  est capable de repartir  plus loin grâce à ses suçoirs secondaires  - photo 2 )

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Les cordons corticaux ont une couleur verdâtre  (.L ‘écorce a été enlevée).

L’écorce du  gui .

Cette  écorce  est   lisse  - épaisse et résistante.

 

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A – Cutine qui rend cireuse  et luisante l’ écorce du gui .

B – --les cellules épidermiques de surface sont  suivies d’ une couche de liège  -Phelléme  -  à cellules vivantes  -Il ne semble pas  y avoir de couche de cellules mortes  en périphérie . Ce  qui explique la  couleur  verte   de l’ écorce du gui .

C--Cambium (assise génératrice externe) Subero-phellodermique.

Dans  cette écorce  courent  des  canaux .

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Les feuilles  du gui :

 

La feuille de gui  vit  environ   1 an ½ . Ce  qui laisse le temps aux feuilles de l’année  d’apparaître- Le gui est  donc toujours vert :

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Aspect d  ‘une feuille et coupe :

Comme  pour les feuilles de dicotylédones  la  feuille  possède  un limbe  qui ici  est charnu et rigide  -  Cette feuille ne possède pas de pétiole.  

Les nervures   de la feuille  ont une disposition pennée.

 

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Chez le gui la  zone d’ abscission  est  toujours  plus ou moins marquée  - cette abscission est totale en 15  mois  - la feuille  tombe   alors durant l’ été.

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La marque montre la zone d’abscission qui va lentement  se développer   autorisant  la chute de la feuille.

 

Les branches :

 

          Enfin on  termine  avec   2 coupes  de branches  de la boule  de gui –L’une  des branches est plus ancienne que l’autre. .Comme  il s’agit de panoramas  il ne  faut pas  tenir compte de la taille sur la photo. Mais il faut noter  que la plus jeune celle de droite n’est guère  plus petite que celle de gauche – Les branches   du gui  restent de taille très modestes.

 

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Le  gui est une plante   à chlorophylle. De  ce fait elle est  capable de photosynthèse  et  n’est  donc pas  totalement dépendante   de son hôte pour survivre   .Dans ce cas on parle d’ hémiparasitisme. – en opposition  à l’ holoparasitisme  où la plante  prend sur son hôte  le carbone, l’eau et les sels +minéraux.

Mais  le  gui est un   parasite obligatoire. Il  ne peut pas se développer sans  son hôte. A la mort de ce dernier il  meurt aussi rapidement.

 

 

Référence  et pour en savoir plus :

Le gui   La hulotte N° 48 et  49  (remarquables articles  avec des dessins  magnifiques).

 

Dominique.

 

 

 

 

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Bonjour à tous,

 

Et bravo à Dominique pour ce très bel article sur le gui. Je voudrais juste ajouter que l'extrait de feuilles de  gui ( Viscum album seulement ) a des vertus thérapeutiques et peut être utilisé en cas d'hypertension artérielle.

 

Cordialement

Christian

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Bonjour,

J'aime toujours ces dossiers complets, et j'en remercie l'auteur pour ce beau travail. Cela doit lui prendre beaucoup de temps...

 

 

Si j' ai bien compris le gui est considéré comme parasite strict ?

Quand j'étais petit, Mon Grand Père m'expliquait que cela était interdit de laisser cela dans les arbres, et que la police rurale sanctionnait par des amendes le non entretien des arbres... Où en sommes-nous actuellement?

Il y avait aussi des corvées de curage des ruisseaux.  (années 50)

 

Cordialement

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Bonsoir

 

Faire ces petits articles  est un grand  plaisir et les partager sur le forum donne un  sens  à l’effort.

 

Ton grand père a toujours  raison    et la loi est toujours en cours  mais  personne n’ en tient plus compte  .La   Loi du 24 décembre 1888 et  la loi du 21 juin 1893 obligent les propriétaires à  couper le gui de leurs arbres sous peine  d’ amende . Mais depuis   le monde rural a beaucoup  changé . :)

 

                  Amicalement

                                            Dominique

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