Dominique. Posté(e) le 28 octobre 2015 Signaler Partager Posté(e) le 28 octobre 2015 La rouille du poirier ( 2 éme épisode du cycle de la rouille )La présentation de la rouille du poireau nous a permis de prendre connaissance de cette maladie fungique .http://forum.MikrOscOpia.com/topic/15299-rouille-poireau/ . Dans cette présentation nous avons appris qu il y avait deux hôtes en présence : le poireau et l’épine vinette ; le poireau est le premier hôte celui sur lequel va se réaliser la reproduction sexuée avec la formation d une téleutospore (2N chromosomes). Cette spore va tomber sur le sol et donner au printemps 4 basidiospores ( N chromosome.) . Avec la présentation de la rouille du poirier l’occasion se présente de compléter le cycle .Il ne s ‘ agit pas du même champignon : Puccinia alli pour le poireau et dans la présentation de ce jour Gymnosporangium sabinae ; mais ces deux champignons ont le même type de cycle. Ici le second hôte n’est pas l’épine vinette mais le Juniperus -( Genévrier .) Le cycle change d’ hôte à partir du moment où le téleutospore tombe sur le sol . Dessin modifié issu de ref 1 –ici Téleutospore du genévrier . Cette nouvelle histoire va partir de ce point ou plus exactement de l’étape suivante : Les Téleutospores donnent naissance à 4 Basidiospores , ces spores sous l’ effet du vent vont atteindre les feuilles du poirier . Le mois de mai est arrivé .La Basidiospore va atteindre la feuille du poirier et développer la première atteinte de la feuille. Son développement se fera sur la face supérieure de la feuille .Le premier symptôme est l’ appartion de tâches orangées . Au milieu de la tâche de couleur rouille vont se développer entre mai et juin des petites structures noires : les Pycnides . Si on ouvre une pycnide il existe à l’intérieur une quantité considérable de micro spores : les Spermaties. et de petites structures allongées les Trichogynes .--Les spermaties seront emportées par le vent et par les insectes ( présence sur les pycnide d’ une substance sucrée attractive ) pour rencontrer sur une autre feuille une trichogyne de polarité différente ( et ainsi former un dicaryon – voir présentation précédente ) . --Les trichogynes attendent l’arrivée d ‘une spermatie de polarité différente de la sienne qui viendra d’une autre pycnide. ( pour former un dicaryon là encore )Sur la photo de droite ci - dessous on constate de très petites cellules ( 4,7 µm )gonflées par une grosse vacuole et une cellule binucléée et une cellule qui semble binucléée . ( dicaryon ? ) ***********************Le mois de juin est arrivé :Le nouvel épisode se déroule maintenant sur la face inférieure de la feuille . Premier stade : la colonisation et le développement .A partir de ce moment les hyphes de Gymnosporangium sabinae vont coloniser la feuille de part en part , Pour apprécier la modification d’ architecture on compare une feuille normale et une feuille atteinte . Coupe d’une feuille de poirier normale ( coloration Wacker ) coupe d’une feuille atteinte ( coloration vert d’Etzold ) . La couche palissadique est encore reconnaissable mais la zone vasculaire et la zone lacuneuse ont perdu toutes leurs caractéristiques anatomiques ; A la place il y a une prolifération d’hyphes ; la construction est réguliers les hyphes sont parallèles les unes aux autres . Le résultat est un épaississement très important de la feuille.Pour avoir une idée de ces hyphes il est réalisé une dilacération de ce tissu cellulaire . Coloration au rouge Congo ammoniacal : Ces hyphes sont segmentées et contiennent de nombreuses granulations Les moisissures sont connues pour leur activité biochimique. (. Par contre je n’ai trouvé aucune notion sur la nature de ces granulations) . Deuxième stade : la formation des écidies : Vers le mois d’août apparaissent dans ce tissus fungique des cavités les Proécies qui vont grandir puis s ‘ouvrir vers l’extérieur : les Ecidies .. Aspect macroscopique Aspect des Proécies puis Ecidies - Les coupes ayant été faites tardivement ( octobre ) dans le processus évolutif on trouve surtout des écidies et non plus la forme initiale de cette structure qui est la Proécie . Aspect microscopique : Au stade proécie la structure est encore à peine visible sous la feuille .Au stade écidie la construction est terminée, l’aspect est celui de la photo ci- dessus.Développement de l ‘écidie ( les spores sont absentes en raison de la technique de préparation ) . Les hyphes s ‘allongent et vont permettre l’ouverture de l ‘écidie. Cette ouverture se réalise par le soulèvement du sommet de la proécie sous la pression des hyphes en croissance.Ces hyphes ont une paroi finement granuleuse et des épines. Elles sont très différentes des hyphes que l’on a rencontrées à la phase initiale du développement de la rouille. . La formation des spores : Il faut enfin regarder le fond de l’ Ecidie pour découvrir la formation des spores Les Spores dérivent d’ hyphes particulières formées par une succession d’articles à dicaryon. Il existe deux types d’ article en alternance .--une ecidiospore.--suivie par un disjoncteur .La libération des écidiospores se fait par gélification des cellules disjonctives. Ces spores sont des Ecidiospores elles ont deux noyaux qui n ‘ont pas fusionnés .Elles vont être transportées par le vent ou les insectes sur le second hôte .Dans ce cas il s’agit d un genévrier ( Juniperus communis --famille des cupressacées ( Cupressaceae.)La deuxième partie de l’évolution de la rouille va se réaliser avec formation des Téleutospores. ( Développement de protubérances orange.)Dans le cas de la rouille du poirier le cycle n’est pas complet. Comme nous le dit Marcel Lecomte dans sa présentation sur ce site -http://forum.MikrOscOpia.com/topic/1747-rouilles/?hl=poirier&do=findComment&comment=7699Il n ‘existe pas de passage par l’urédospore ( ce que l’on a rencontré dans le cas de la rouille du poireau ) Gymnosporangium sabinae ref 21. Règne : Fungi2. Embranchement : Basidiomycota3. Ordre : Uredinales4. Famille : Pucciniaceae Synonymie : Gymnosporangium fuscum de Candolle (Espèce CD_NOM = 512948)Puccinia juniperi Pers. ? (Espèce CD_NOM = 512949)Roestelia cancellata Rebentisch (Espèce CD_NOM = 512950)Tremella sabinae Dicks. (Espèce CD_NOM = 512951) Conclusion *********. Avec deux présentations le cycle de la rouille a été suivi sur ses 5 étapes ( à l’exception du stade des basidiospores.) Le phénotype que prend ce champignon a chacune des étapes est très différent ainsi 1 génotype va ainsi donner naissance à 5 phénotypes.Ce phénomène est fréquent surtout parmi les parasites - La douve du foie par exemple va changer d’hôte et prendre des aspects phénotypiques différents :Œuf –miracidium –cercaire – metacercaire- distomule et enfin douve .Mais il s’agit de métamorphose – Dans le cas de la rouille chaque étape se termine par la formation d’une spore -qui sera soit gamète – soir zygote - soir dicaryon. Ce qui rend ce processus de développement si étrange. Par ailleurs : Pour améliorer les images il serait nécessaire de reprendre l’étude de la rouille du poirier chaque mois de mai en octobre - et non comme dans le cas présent sur deux prélèvements en mai et à l’automne – En particulier cela permettrait une meilleure étude des pycnides avec les spermaties et les trichogynes - Donc observation à poursuivre et à améliorer. Dominique Ref :1 http://www.amisdelaterre.be/IMG/pdf/2013_document_craw_rouille_grillagee_poirier.pdf +++ Ref : 2http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/461992/tab/taxo d Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
jmaffert Posté(e) le 28 octobre 2015 Signaler Partager Posté(e) le 28 octobre 2015 C'est déjà très intéressant et très bien documenté ! Les rouilles sont effectivement des champignons avec des cycles extrêmement compliqués.Bravo pour cet article (et les autres d'ailleurs). Amicalement Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
savant Cosinus Posté(e) le 28 octobre 2015 Signaler Partager Posté(e) le 28 octobre 2015 ... bravo, j'ai un peu honte avec mes ciliés... -_-AmicalementCosinus Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique. Posté(e) le 28 octobre 2015 Auteur Signaler Partager Posté(e) le 28 octobre 2015 Bonsoir Cosinus ce que je photographie ne bouge pas et je trouve plus facile de faire de la botanique, des colorations et des recherches dan les livres que de poursuivre les Ciliés - Tes vidéos sont toujours très belles. On perçoit qu ‘ elles nécessitent bien du travail. Bien amicalement Dominique Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
savant Cosinus Posté(e) le 29 octobre 2015 Signaler Partager Posté(e) le 29 octobre 2015 "...On perçoit qu ‘ elles nécessitent bien du travail."C'est le problème de la retraite, on ne fait pas grand-chose mais ça prend beaucoup de temps ... B) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Admin Tryphon T Posté(e) le 29 octobre 2015 Admin Signaler Partager Posté(e) le 29 octobre 2015 Bonjour Dominique, Splendide sujet, comme d'habitude (!) qui me touche particulièrement.Non pas pour mes poiriers, je n'en ai pas, mais pour mes rosiers ! Tu as lancé une série d'études sur les maladies cryptogamiques très intéressantes et cela me ramène à mes soucis personnels.Je suis confronté actuellement à plusieurs maladies cryptogamiques touchant une magnifique aubépine et mes rosiers.L'aubépine est assez exceptionnelle elle fait plus de 4 mètres de haut ( en fait plus de 5 m !) et mes rosiers dont l'un qui provient d'un héritage, a connu mes ancêtres, d'où mon attachement. Il semblerait qu'il soit atteint de Marssonina rosae. qui provoque des tâches noires et un défoliage total !Au delà des belles études qui aboutissent au diagnostic, quels sont les traitements de ses maladies parfois mortelles ?. Bien amicalement. (C'est bien joli, les recettes "bio" ou "écolo", mais parfois ce n'est pas efficace du tout !) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
solito de solis Posté(e) le 29 octobre 2015 Signaler Partager Posté(e) le 29 octobre 2015 Belle doc., merci Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jean-Luc Bethmont (Picroformol) Posté(e) le 30 octobre 2015 Signaler Partager Posté(e) le 30 octobre 2015 Bonjour Dominique, Je suis intéressé par ton sujet bien documenté car, dans mon jardin, j' ai des vieux poiriers qui sont atteints chaque année par cette maladie (mes parents et grand parents étaient arboriculteurs et maraîchers) Je ne les traite pas et ne les taille pas la nature a repris ses droits !A part cela on s' aperçoit que la nature utilise toutes les possibilités en matière de reproduction (les végétaux serait-ils plus "rusés" que les animaux en ce domaine ?)Enfin je trouve le rapprochement avec le cycle de certains parasites du règne animal étonnant.Cordialement,JL Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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